OLYMPE AUTOUR DU MONDE

BRESIL

Un peu de géographie

A lui seul grand comme un continent avec ses huit millions et demi de km2 (16 fois la France), comportant une frontière commune avec tous les autres pays d'Amérique du Sud à l'exception de l'Equateur et du Chili, le Brésil est le cinquième plus grand pays du monde.

Divisé en 26 états et un district fédéral, on distingue cinq grandes régions aux caractéristiques très différentes :

  • Le Nord, le plus vaste bassin fluvial de la planète avec le fleuve Amazone et ses affluents représentant 20% de toute notre eau potable et irriguant la plus grande forêt humide du monde ; ce fleuve de plus de 6400 km de long (dont la moitié au Pérou) a un débit moyen de 120 000 m3 par seconde, débit qui peut doubler en période de crue lors de la saison humide, son niveau augmentant alors de huit mètres !
    Inutile de préciser que cette forêt renferme la plus grande diversité biologique du monde, faune et flore réunies.
  • Le Centre-Ouest, vaste plateau central situé à 1000 mètres d'altitude, où fut construite en 1960, de toute pièce et au milieu de nulle part, la capitale administrative du pays Brasilia. Cette région est consacrée à l'élevage et à la culture du soja, du maïs et du coton.
  • Le Nordeste, la région la plus pauvre à cause de son climat chaud et semi-aride en saison sèche puis soumise à des inondations lors de la saison des pluies. C'est pourtant dans cette région que fut développée la culture de la canne à sucre lors de l'époque coloniale.
  • Le Sud-Est, avec les trois plus grandes agglomérations du pays : Sao Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte, rassemble à elle seule 45% de la population totale du Brésil alors que cette région ne représente que 11% de la surface du territoire. C'est de loin la plus riche du pays, de par ses centres industriels et ses mines de fer (le Brésil en est aujourd'hui le premier producteur mondial) et de pierres précieuses.
  • Le Sud, situé sous le tropique du Capricorne, est la plus petite des régions ; elle possède un climat subtropical aux quatre saisons assez bien marquées. C'est dans cette région que l'on retrouve les souches les plus nombreuses des immigrants européens : italiens, allemands, polonais et russes. Les cultures du blé, du maïs, du soja et du riz en sont les principales ressources. C'est également ici que l'on trouve la seule industrie viticole du pays.

La population avoisine aujourd'hui les 180 millions d'habitants ; elle est un métissage des indiens qui peuplaient ce vaste territoire avant l'arrivée des colons européens, de ces derniers, blancs, et des esclaves noirs "importés" d'Afrique. Mais curieusement, et heureusement, ce pays ne semble pas avoir connu ni ne connaît de problèmes raciaux. Une forte identité nationale unit cette population diversifiée et disparate malgré la très grande pauvreté touchant encore une large majorité de la population qui côtoie sans jalousie les classes très aisées descendantes des colons ; depuis quelques décennies, avec le fort développement industriel, une classe moyenne a émergé, phénomène assez nouveau qui pèse sur le paysage politique du pays. Une langue commune, une religion pratiquement unique : le catholicisme, ne serait-ce pas le secret de cette réussite d'une parfaite intégration d'origines aussi diverses ? A méditer…

Un peu d'histoire

Contrairement à ce qui est communément relaté, c'est un espagnol, le navigateur Vicente Yanez Pinzon, qui découvrit le premier cette terre en janvier 1500 ; mais en vertu du traité de Tordesillas de 1494, l'Espagne ne revendiqua pas cette découverte.
C'est donc au navigateur portugais Pedro Alvarez Cabral que l'on attribue la découverte lorsqu'il atteint avec une flotte de 13 navires la côte brésilienne le 22 avril 1500. Il débarqua à l'endroit où se situe aujourd'hui Porto Seguro en appelant cette terre Terra de Vera Cruz.

Puis ce fut au tour d'Amerigo Vespucci d'explorer la côte au cours de l'année suivante. C'est lui qui découvrit la Baie de Todos os Santos à Salvador. Puis, en 1502, Gaspar de Lemos mouilla dans la baie de Rio. C'est dans cette région que les premiers explorateurs découvrirent un bois de couleur sombre que les indiens utilisaient pour obtenir une teinture rouge ; cet arbre fut appelé pau brazil (bois de braise) à l'origine du nom du Brésil.

En 1530, Thomé de Souza fut nommé premier gouverneur du Brésil ; il siégera à Salvador qui devient ainsi la première capitale du pays. De 1560 à 1565, de violents combats avec les français qui avaient l'intention de créer leur propre colonie se terminèrent par le départ de ceux-ci ; puis c'est avec les anglais et les hollandais que les portugais eurent maille à partir de 1580 à 1640 ; mais les lusitaniens sont coriaces et finissent par repousser tout le monde.

Le développement du pays sera lié à ses richesses naturelles : d'abord la fertilité de ses sols permettant la culture de la canne à sucre et du café dans le nord-est puis, dans les années 1750, la découverte de l'hévéa permettant la fabrication du caoutchouc permettra le développement de l'Amazonie avec la création des deux grandes villes Manaus et Belém. Enfin, les découvertes de l'or puis du diamant dans le Minas Gerais accélérèrent la croissance du pays.

Lorsqu'en 1807 Napoléon envahit l'Espagne et le Portugal, le prince Jean du Portugal fut contraint à l'exil et se réfugia à Rio de Janeiro. A son retour au pays en 1821, il nomma son fils Dom Pedro vice-roi et régent du Brésil. Ce dernier proclama l'indépendance du Brésil en 1822 et se fit nommer Empereur sous le nom de Pedro I. Il fut cependant contraint de céder le pouvoir à son héritier Pedro II à cause de sa manière autoritaire de gouverner. Ce dernier régnera de 1840 à 1889, année de son exil en France. C'est sous son règne que l'esclavage sera aboli au Brésil en 1888, ce qui causera le mécontentement des grands propriétaires terriens et des militaires qui le renverseront lors d'un coup d'état.

Le Brésil devint alors une république qui vit défiler plusieurs présidents et des alternances de périodes de croissance et de conflits sociaux. Deux présidents marqueront l'histoire de leur pays : Getulio Vargas qui prendra le pouvoir grâce à l'armée en 1930 et le conservera sans discontinuer de manière autoritaire jusqu'en 1945 où il sera destitué par… les militaires. C'est sous ses mandats que seront mis en place des réformes sociales importantes : salaire minimum, système de sécurité sociale, école publique obligatoire. Son purgatoire sera de courte durée puisqu'il sera réélu en 1950 mais se suicidera en 1954.

Puis Juscelino Kubitschek, élu en 1956 avec le soutien du parti communiste et des anciens partisans de Vargas. Il sera à l'origine du redémarrage de l'économie du pays avec de grands projets d'infrastructures : routes, construction de la nouvelle capitale Brasilia, développement de l'industrie et de la construction automobile, barrages hydroélectriques.

Il ne sera pas reconduit dans ses fonctions et, après une période un peu trouble, c'est un militaire qui prendra le pouvoir à la suite d'un nouveau coup d'état, le général Humberto Castelo Branco. Les militaires garderont ainsi le pouvoir de 1964 à 1985 ; la stabilité du pouvoir engendrera une bonne croissance économique mais au détriment des réformes sociales qui s'imposaient. Des manifestations furent durement réprimées et, en 1985, le pouvoir militaire fut remplacé par un nouveau président civil héritant d'une inflation record.

Quatre présidents se succèderont alors avec pour objectif principal de juguler cette inflation qui atteindra le chiffre ahurissant de 2100% en 1993 (vous avez bien lu, deux mille cent pour cent) ! Une nouvelle monnaie, le real, est mise en place en 1994. La croissance finira par repartir mais la corruption à tous les niveaux, l'insécurité et un fossé toujours plus grand entre les classes aisées et les plus pauvres conduiront en 2002 à l'élection du premier président de gauche, Luiz Ignacio Lula da Silva dit Lula qui sera réélu en 2006.

Notre séjour

Il faut bien avouer que notre route du retour depuis l'Afrique du Sud s'apparente davantage à un convoyage qu'à une croisière touristique ! Que choisir comme destinations et circuits de visite quand on ne dispose que de deux mois environ pour visiter un véritable continent ? Sans compter que nous avons toute la côte brésilienne à remonter depuis la latitude de Rio de Janeiro, soit environ 2 900 milles nautiques (5 370 km) durant ce laps de temps !

Partis un peu tard d'Afrique du Sud, nous avions pris la décision de rejoindre directement Rio pour retrouver nos amis Françoise et Jean-Marie, plutôt que d'atterrir un peu plus au sud dans la baie d'Ilha Grande, paradis de la plaisance brésilienne, que nous n'aurions pas eu le temps d'explorer. C'est donc plus tard en voiture que nous viendrons visiter la ville de Paraty située au fond de la baie, véritable bijou colonial classé par l'Unesco au Patrimoine mondial.

Compte tenu de ce contexte, il n'était pas possible d'envisager des excursions à l'intérieur du pays et nous nous en sommes tenus aux escales suivantes : Rio de Janeiro avec des visites à Paraty et à Petropolis, Ilheus, capitale du cacao où nous étions attendus chez des amis de Françoise et Jean-Marie, Salvador, première capitale du pays au riche passé colonial et à l'influence africaine, Recife, Fortaleza et Belém, située sur le fleuve Pará se jetant dans le delta de l'Amazone.

RIO ET SES ENVIRONS

C'est à 16h40 le 29 février que nous laissons tomber l'ancre devant le Club Naval de Charitas au fond de la baie Jurujuba sur la commune de Niteroï située en face de Rio, après un peu plus de 24 jours de mer pour venir de la presqu'île du Cap de Bonne Espérance. Maryse et moi sommes en pleine forme mais tout de même contents de pouvoir passer notre première nuit complète à dormir.

Nous mettons aussitôt l'annexe à l'eau pour nous rendre au secrétariat du club afin de savoir si nous pourrons bénéficier d'une place de ponton comme nous l'avions demandé par mail l'avant veille. Première difficulté : personne ne parle ni français, ni anglais, ni espagnol…Et ce sera une constante dans cet immense pays qui prétend de plus en plus jouer un rôle international !

On comprend tout de même que le bateau est trop grand, longueur supérieure à 15 mètres qui est la limite supérieure autorisée comme indiqué dans notre guide. Mais comme nous avions bénéficié de nombreuses dérogations sur ce point, tant à Richard's Bay qu'à Simon's Town, nous avons tenté et… échoué : c'est que ce club est en partie géré par l'armée et que15 mètres, c'est 15 mètres et pas 15,97 mètres !

Tant pis, le mouillage est sûr et bien protégé, nous utiliserons donc l'annexe pour nos allers-venues à terre. Nous aurons quand même le droit d'accoster plus tard à un ponton d'accueil en travaux pour refaire le plein d'eau ; car ici, pas question de faire fonctionner le désalinisateur compte tenu de la pollution de l'eau de la baie de Rio.



L'endroit est plutôt joli, entouré de collines où de petits villages, ressemblant tout de même à des favelas améliorées, donnent des taches de couleurs dans une verdure luxuriante. Et le soir, à la tombée du jour, les lumières semblent donner un air de village de Noël à ces collines (dixit le second…)

Plus loin au nord, la ville de Niteroï, ville dortoir, étale ses immeubles modernes et verticaux avant le pont du même nom qui traverse la baie pour rejoindre la ville de Rio de Janeiro, engendrant des embouteillages monstres aux heures de pointe. Aussi, de nombreux "banlieusards" préfèrent-ils prendre l'une des deux lignes de ferries dont le terminal de l'une d'elle se situe à 400 mètres à vol d'oiseau de notre mouillage. Nous privilégierons donc également ce moyen de transport rapide (un quart d'heure) mais assez onéreux.

Quant au club, il est conforme aux normes brésiliennes : bar, restaurant et immense piscine. Au Brésil, point n'est besoin d'avoir un bateau pour être "socios"d'un Iate Club ; il suffit de payer une cotisation qui semble faire le tri parmi les prétendants…Celui-ci semble en outre être une école de voile importante à voir le nombre d'Optimistes et de dériveurs stockés sous un immense hangar.
Nous appellerons Jean-Marie et Françoise pour leur apprendre notre arrivée. Ils nous rejoindrons le lendemain soir en car depuis Sao José dos Campos situé à 300 km au sud où ils étaient arrivés huit jours plus tôt pour retrouver amis et anciens collègues de travail.

Le Brésil champion du monde de… la paperasserie !

On connait le Brésil pour la qualité de ses footballeurs, un peu moins pour celle de ses volleyeurs, mais il est des "sportifs" encore bien au dessus du lot dont le commun des mortels ne peut imaginer le talent et que l'on peut englober sous le vocable d'Administration ! Au cours de notre voyage, nous pensions pourtant avoir connu toute la palette de ce que l'on peut trouver en la matière, les Territoires d'Outre-Mer étant d'ailleurs en bonne place avec leur législation douanière parfois farfelue et changeante (cf Tahiti et Nouvelle Calédonie) ; on se souvient aussi de l'épisode "amusant" de l'île d'Antigua aux Antilles ou du Maroc. Mais là, il faut bien l'admettre, nous sommes tombés sur les champions du monde toute catégorie malgré des simplifications heureusement apportées depuis peu !

Pourtant au début tout paraît simple : à la première entrée dans le pays, il faut rendre visite aux trois administrations suivantes et dans cet ordre : Police Fédérale faisant office d'immigration, Recette Fiscale fédérale faisant office de douanes et Capitainerie du port. Première simplification, il n'est plus nécessaire de passer par les services de santé. Notez que personne ne se déplace à bord : ce que vous transportez (alcools, cigarettes, nourriture, éléments illicites, armes à feu éventuelles, devises, lingots d'or, voyageurs clandestins) ça n'intéresse personne (ça c'est plutôt sympathique). L'important est de remplir des papiers.

Mais bien que vous vous soyez adressé à des Administrations fédérales, à chaque entrée et sortie d'état il vous faut recommencer ce cirque des formalités d'entrée et de sortie à l'exception de la Recette Fiscale fédérale, seconde simplification récente ; celle-ci ne devra être revue que lors de la dernière escale dans le pays avant de le quitter.

Puis, troisième simplification tout de même, une loi toute récente dispense désormais de rendre visite à la Police Fédérale de chaque état intermédiaire ; néanmoins, tous les états ne la connaissent pas encore et, à Bahia, nous avons dû nous acquitter par deux fois de cette visite de courtoisie et on nous a reproché de ne pas l'avoir faite à Belém dans l'état du Para !

Notons toutefois qu'à chaque étape tout s'est bien passé, avec des fonctionnaires avenants ; mais à Rio et à Belém ce fut l'enfer comme vous pourrez le lire plus loin…

Premier contact avec Rio : l'enfer kafkaïen

Ce n'est que le 2 mars que nous partons la fleur au fusil à Rio pour faire nos formalités d'entrée ; nous étions munis d'un papier donné par le club nautique avec les adresses des différents organismes, mais avec un ordre de visite erroné !

Nous nous présentons donc en premier lieu à la Capitainerie du port de commerce (comme l'indique d'ailleurs le livre de J. Cornell) qui nous dit que nous devons préalablement passer par la police fédérale pour faire tamponner nos visas puis à la Recette fédérale pour l'importation temporaire du bateau.

Nous voilà donc partis à la recherche de l'immeuble de la police fédérale située à une petite demi-heure de marche le long d'une voie de circulation surélevée au bruit et à la pollution épouvantables. Là, on nous déclare que ce n'est pas à cet endroit que nous devons nous adresser mais au terminal des bateaux de croisière situé non loin de là. Après avoir tourné un certain temps pour trouver la bonne entrée aucunement indiquée, nous tombons sur un barrage d'officiels et de policiers à l'entrée nous demandant ce que nous venons faire ; il faut alors décliner notre identité, passeports à l'appui, pour obtenir un badge et se faire accompagner jusqu'au bureau du service de la police fédérale en charge de la gestion des bateaux de croisière. La formalité y sera rapide et efficace.

On nous dit ensuite d'aller voir le service des douanes situé à l'étage en dessous ; voilà au moins une bonne nouvelle, nous n'aurons pas à courir trop loin. Et là, grave erreur, nous avons déclaré la vérité ! A la question "où est votre bateau ?", nous avons répondu "bêtement" : au Club Naval de Charitas à Nitéroï. Et nous n'aurions pas dû ! Nous aurions dû répondre dans le port de Rio car on nous imposa alors de faire les formalités douanières à la Recette Fédérale de Nitéroï !

Il fallait donc reprendre un ferry pour nous rendre au centre de Nitéroï, puis revenir à la Capitainerie du port de Rio pour boucler nos formalités. Il était déjà midi et la capitainerie était sensée fermer à 14h… Comme elle était sur notre chemin, nous nous y arrêtons à nouveau pour expliquer notre cas et tenter de les convaincre de nous donner leur sésame avant d'aller à Nitéroï : peine perdue ; on nous a seulement concédé que quelqu'un pourrait s'occuper de notre dossier jusqu'à 16h.

Nous voilà donc repartis pour Niteroï où nous trouvons non loin de l'arrivée des ferries l'immeuble de la dite Recette Fédérale ; et là, un autre cauchemar commence ! On nous indique à l'entrée que le service compétent se trouve au 6ème étage ; mais pour accéder aux ascenseurs, un planton de service nous arrête et nous dit que nous ne pouvons pas pénétrer dans l'immeuble en short : il faut impérativement un pantalon long !!!

Là, la moutarde commence à monter au nez du captain dont le goût pour ces formalités est déjà très limité mais alors celle-là, on ne lui avait encore jamais faite ! (D'après le second, il n'a jamais été bien patient et il paraît que ça ne s'améliore pas avec l'âge…). Le planton a dû s'en rendre compte et sort d'un placard un monstrueux pantalon à rayures qu'il lui tend en lui indiquant les toilettes où il peut se changer. Malheureusement, il n'en a qu'un en "dépannage" et Jean-Marie, dont la connaissance de la langue a été jusqu'ici très précieuse, doit rester dans le hall d'entrée pendant que le captain prend l'ascenseur pour monter au 6èmeétage.

Il tombe sur un nouveau planton assis à un bureau dans le couloir ; allait-on lui demander de porter une cravate ? Non, on lui demanda ce qu'il venait faire puis de patienter. Au bout d'un temps certain, un employé du service vient, l'air désolé, lui dire qu'il n'y a qu'une seule personne pour faire cette formalité mais qu'elle est partie déjeuner et lui demande de revenir à 14h. Comme il parlait un peu l'anglais, ce qui est rare ici, il fut presque pardonné !

Retour dans le hall, re-séance de strip tease pour rendre le pantalon au planton et nous partons déjeuner au centre commercial situé à côté.

14h15, nous voilà de retour à la Recette Fédérale, re-déguisement avec le pantalon long qui nous est maintenant familier et le captain se retrouve au 6ème où on lui redemande ce qu'il vient faire pour se réentendre redire de repatienter. Au bout d'un temps encore plus que certain, le même employé que celui du matin s'approche l'air encore plus désolé : la personne responsable n'est toujours pas là, personne ne sait où elle se trouve et apparemment elle n'est pas joignable. Il faut encore patienter… Mais au bout d'une demi-heure, rien de nouveau n'arrivant, le captain fait un scandale et le pauvre employé, le seul qui parle un peu anglais, en prend plein la tronche : en gros, depuis 4 années de voyage autour du monde, il n'a jamais vu ça, de telles complications pour des formalités qui ne prennent que cinq minutes partout ailleurs, une telle désorganisation et dilettantisme, bref le Brésil ne s'honore pas vis-à-vis des étrangers avec de telles tracasseries administratives et un tel b…

Dans ces petits souliers et manifestement désireux de faire quelque chose, ce brave employé, que je regrettais déjà d'avoir sermonné alors qu'il n'y était manifestement pour rien, me dit de patienter à nouveau. Arrive alors une jeune femme semblant avoir des responsabilités dans le service et qui m'explique dans un anglais parfait, au cas où je n'aurais pas compris sans doute, que le responsable n'est pas là, qu'il faut patienter, etc.

Mon interlocuteur revient assez rapidement avec un chef qui ne connait absolument rien à ces procédures mais qui se dévoue pour monter le dossier ; il trouve dans une armoire un dossier poussiéreux monté il y a plus de deux années pour un voilier français (!) et commence à me lister les papiers à remplir, que je connais par cœur, en me décrivant chaque case des formulaires qu'il découvrait pour la première fois. C'était manifestement mal parti et il s'en rendit vite compte quand il me demandait ce que chaque terme technique du bateau signifiait…

Puis il disparut et, quelques minutes plus tard, j'entendis des hurlements dans un bureau voisin : c'était ce brave chef plein de bonnes intentions qui se prenait une avoinée par la femme qui était venue me voir. Cette dernière, je le compris plus tard, était l'ancienne responsable de ce service d'importation temporaire des voiliers ; elle connaissait donc parfaitement la législation et les procédures associées, mais comme ce n'était plus son travail et que l'autre était venu l'appeler au secours, elle était entrée dans une rage folle car ce ne devait pas être la première fois que le cas se présentait.

C'est elle qui vint me chercher en dernier ressort, me passant également une avoinée car j'aurais dû faire l'entrée dans un port officiel, en l'occurrence Rio, ce qui transférait la charge du dossier à la Recette de Rio ; j'avais envie de lui dire que le mot "fédéral" veut dire "fédéral" et donc que n'importe quel établissement pouvait faire l'affaire, mais je me suis abstenu. Je lui expliquais tout de même qu'il n'y a pas de place dans le port de commerce pour les petits bateaux et que j'avais suivi les recommandations de tous les guides nautiques.

Elle commence très nerveusement à monter le dossier, remplissant à ma place les formulaires tout en me demandant les renseignements concernant le bateau. Puis je l'entends dire quelques mots en français : je m'empresse de la féliciter sur sa connaissance de la langue de Molière et, petit à petit, elle se calme, commence à se détendre et m'explique les risques encourus si le bateau ne quitte pas le territoire avant les 90 jours accordés initialement. A ma demande, elle confirme qu'il n'est plus nécessaire de repasser dans les Recettes Fédérales de chaque état ; il nous faudra simplement faire les formalités de sortie du pays dans le dernier état visité.

Elle finira par me donner sa carte de visite et me demandera de l'appeler personnellement en cas de problème.

Il me restait à regagner le RDC, à quitter sans regret ce pantalon qui me seyait d'une épouvantable façon et à retrouver Jean-Marie inquiet de ne pas me voir revenir plus tôt ! Il était 15h30 et il nous restait une demi-heure pour regagner Rio puis la capitainerie du port : mission pratiquement impossible, sauf que la chance nous sourit enfin, que nous avons eu sans attendre un ferry pour regagner Rio en un quart d'heure puis en 10 minutes de course à pieds nous arrivâmes à la capitainerie où nous croisâmes le responsable qui devait nous donner notre quitus finissant sa journée !

Il fut beau joueur et repartit dans son bureau pour tamponner un magnifique papier que nous aurons à refaire tamponner à chaque entrée et sortie d'état. A 16h20 nous avions enfin tous nos papiers ; nous y avions consacré la journée entière et c'est fourbus que nous reprîmes un ferry pour Charitas.

Conformément à ce que dit le guide de Michel Balette, il vaut mieux éviter Rio pour faire son entrée dans le pays !

Visite de Rio

Le site de la baie de Guanabara (nom donné par les indiens) a été découvert le 1er janvier 1502 par une expédition portugaise conduite par André Gonçalves. Pensant découvrir l'embouchure d'un fleuve, il le nomma Rio de Janeiro (rivière de janvier) et ce n'est que plus tard que l'on découvrira qu'il ne s'agit que d'une immense baie fermée.

En fait les français connaissaient déjà cet endroit ; ils y faisaient du commerce de bois en rentrant dans les terres et tentèrent, sous la conduite de Nicolas Durand de Villegaignon en 1555, d'y créer la France arctique. Mais les portugais, plus nombreux et plus motivés, les chassèrent après de violents combats de 1560 à 1565.

La ville fut alors créée en 1567 sous le nom de Saõ Sebastiaõ do Rio de Janeiro ; c'est la découverte de l'or dans le Minas Gerais, l'état voisin, qui permit à la ville de se développer à partir du début du 17ème siècle. Tout l'or transitait par la ville qui devint un port de commerce essentiel au point qu'elle supplanta Salvador dans le rôle de capitale du pays.

Dans les années 1920 à 1930, elle devint aussi capitale artistique et la destination branchée de la haute société. Elle a perdu depuis son rôle de capitale administrative au bénéfice de Brasilia mais reste la ville la plus touristique du pays. Sa population atteint aujourd'hui 6 millions d'habitants intra-muros auxquels il faut ajouter 5 millions vivant dans les banlieues.

Du 3 au 6 mars, nous nous consacrerons à la visite de la ville et à un peu de détente au bord de la piscine du club naval ; nous consacrâmes la première journée au centre historique, le Centro, dont il faut bien admettre qu'il ne reste pas grand-chose. Partant de la place du 15 Novembre où se trouve le terminal des ferries, nous rejoignîmes à pied, un kilomètre plus au nord, l'église et le monastère de Sao Bento situés sur une colline dominant l'île Cobras ; cette colline est une rescapée de l'arasement systématique des reliefs pour combler la baie opéré dans les années 1920.

L'ensemble date de 1663, ce qui en fait une des plus anciennes constructions religieuses du Brésil ; le monastère ne se visite pas mais l'entrée dans l'église provoque un choc, tant l'intérieur est chargé de sculptures et d'or. On peut admirer le travail et ne pas aimer le résultat.

Revenant vers le centre, nous passâmes devant l'imposante et un peu lourde église Nossa Senhora da Candelária située sur l'avenue Rio Branco, une des artères principales de la ville ; malheureusement, comme ce sera souvent le cas un peu partout, elle était fermée en dehors des offices.

Rejoignant l'avenue de la République du Chili, nous passerons devant le monastère de Santo Antonio, un peu décrépi et perdu au milieu des immeubles modernes.

Nous traversâmes ensuite le Largo da Carioca pour jeter un œil sur la Nova Catedral située le long de l'avenue Republica. Inaugurée en 1979, cette structure conique monumentale peut accueillir jusqu'à 20 000 personnes. L'intérieur est éclairé grâce à quatre vitraux de 60 mètres de haut. Quant au clocher avec ses cinq niveaux de cloches, il est déporté du bâtiment principal.

Nous déjeunerons dans un petit établissement de restauration rapide de la rue Carioca avec une formule inédite pour nous, l'assiette payée au poids de nourriture ; on se sert à un buffet à volonté et l'on fait peser son assiette ! La formule est originale, rapide et très répandue au Brésil.


L'après-midi, nous descendrons l'avenue Rio Branco jusqu'au théâtre municipal qui se veut être une réplique de l'opéra de Paris ; face à lui, de l'autre côté de l'avenue, se tient le musée des Beaux Arts où nous avons visité une exposition temporaire sur Modigliani. Outre des documents écrits et photographiques retraçant sa vie, nous avons pu admirer certaines de ses sculptures et des toiles de ses amis peintres mais très peu des siennes.

Ces deux beaux édifices, auquel il faut ajouter celui de la bibliothèque Nationale situé à côté, font partie de la dizaine de rescapés sur les 115 bâtiments qui bordaient l'avenue appelée à l'origine Avenida Central, inaugurée en 1905 par le président de l'époque, Rodrigues Alves ; celui-ci voulait recréer Paris sous les tropiques. Il avait simplement oublié que la topologie des lieux ne pouvait conduire qu'à des constructions en hauteur et les buildings remplacèrent petit à petit la majeure partie de ces édifices.

Le lendemain fut consacré à la montée du Corcovado, le Christ Rédempteur symbole de la ville en concurrence avec le Pão de açúcar. Du terminal du ferry, nous prîmes un bus pour nous rendre à la station du chemin de fer dans le quartier de Cosme Velho.

 C'est l'occasion de vous faire partager les sensations du voyageur de bus à Rio, mais la suite du voyage nous montrera qu'il en est de même dans toutes les grandes villes. S'il y a quelque chose qui n'a pas changé depuis 35 ans, c'est bien ça ! Il n'est pas sûr qu'en Europe, ces chauffeurs de bus puissent obtenir un permis de transport de bestiaux, tant ils conduisent de manière "sauvage" sans aucune préoccupation du confort de leurs passagers qui sont tout de même leurs clients.

On démarre sur les chapeaux de roue, on freine au dernier moment, on double dans n'importe quelle condition, on fait la course avec les autres bus pour être le premier à l'arrêt sans se soucier des queues de poisson faites aux autres usagers, on prend les virages à toute vitesse au point que l'on se demande comment le bus ne se renverse pas. Les pauvres usagers qui n'ont pas de place assise doivent se cramponner pour ne pas se trouver éjecter.

Comme l'écrit si bien Patrick du bateau Caramel : "la conduite au Brésil tient d'un sport ou d'un art, le débat n'est pas tranché" !


Le petit train nous fera grimper les 3,7 km de la colline à travers une végétation tropicale laissant entrevoir de temps en temps de beaux points de vue sur la ville.

La statue du Christ, de 38 mètres de haut, a été achevée en 1931 ; elle fut réalisée sous la direction du sculpteur français Paul Landowsky. Il faut bien reconnaître que du sommet on a un point de vue sur la ville et sur la baie exceptionnel ; on domine même largement le fameux Pain de Sucre qui sera l'objet de notre visite du lendemain. Le panorama couvre Niteroï, l'ensemble de la baie, les plages atlantiques de Copacabana et d'Ipanema, la lagune Rodrigo de Freitas avec le champ de course et le jardin botanique. Il m'a semblé que les favelas des collines avoisinantes étaient moins visibles que lors de mon premier séjour. Nous avions en outre la chance d'avoir un temps splendide et bien dégagé. Quelques photos valent cependant mieux qu'un long discours, alors admirez !

Le lendemain, ce fut le tour du pain de Sucre auquel on accède par l'intermédiaire d'un téléphérique en deux tronçons ; ce piton de granite ne surplombe la baie que de 270 mètres mais nous avons pourtant préféré les points de vue plus rapprochés de ce site à ceux un peu éloignés du Corcovado. La baie de Botafogo en particulier, avec sa forme parfaite en arc de cercle, est de toute beauté.

Nous avons pu également admirer le vol des urubus autour du piton, se jouant des courants d'air ascendants pour planer encore plus longtemps. Du sommet on pouvait voir au loin la baie de Jurujuba où était mouillé Olympe derrière la presqu'île de Santa Cruz. Nous sommes restés longtemps à admirer ces panoramas exceptionnels de ce qu'il faut bien nommer la plus belle baie du monde, bénéficiant comme la veille d'un temps merveilleux et d'une température avoisinant les 36°C.

Nous redescendîmes ensuite pour aller visiter le jardin botanique ; certes, il était représentatif de la flore tropicale, mais nous avons été un peu déçus de son agencement. Pas de nouveautés par rapport à ce que nous connaissions déjà à l'exception de magnifiques toucans en liberté, ces oiseaux au gros bec orange qui leur sert à casser les noix dont ils se nourrissent.

De retour au club, nous faisons enfin connaissance de Susy, personnage incontournable pour tout navigateur faisant escale ici ; nous avions essayé de la rencontrer sans succès depuis notre arrivée. D'origine colombienne, elle vit avec son mari brésilien à bord de leur bateau de voyage amarré au club nautique. Ils ont été tous les deux des navigateurs au long court avant de se poser ici.

Susy, qui parle quatre langues, est la correspondante de tous les navigateurs de passage pour la mise en relation avec les professionnels du nautisme en cas de problème technique et d'avaries ; nous souhaitions faire réviser le moteur du pilote automatique et faire une petite réparation sur le balooner et elle nous indiqua les bonnes adresses.

Mais elle est aussi de bon conseil pour améliorer la vie au quotidien de ces pauvres nomades des mers : conseils sur les moyens de transport, sur les centres d'intérêt et de visite, réservations pour des manifestations et des spectacles (elle avait ainsi réservé des places au carnaval à des navigateurs nous ayant précédé), tout ceci gratuitement et avec une grande gentillesse. Elle nous proposa de nous emmener le lendemain matin à un point de vue peu connu et très spectaculaire sur la ville de Rio et sur la baie ce que nous acceptâmes évidemment avec enthousiasme.

Et puis, la tendinite chronique de l'épaule gauche du captain s'étant réveillée depuis quelques jours et le faisant souffrir au point de ne plus pouvoir dormir la nuit, elle nous proposa de prendre rendez-vous chez un médecin spécialiste qu'elle obtint pour le lendemain matin également.

C'est donc à 9h le lendemain que Susy nous emmène avec sa voiture sur les hauteurs de Niteroï pour un spectacle somptueux, une vue de Rio totalement inédite pour nous, du haut d'une colline située au dessus de la baie de Jurujuba dominant le mouillage d'Olympe et plate-forme de départ de nombre de parapentistes ; jugez par vous-même !

Puis elle nous emmena déguster une merveille : un café glacé brésilien dont nous conservons un souvenir ému avant de nous déposer à la clinique du spécialiste pour soigner l'épaule du captain, non sans nous avoir chaudement recommandé auprès de la réception où elle semblait connue comme le loup blanc. Après une radio ne décelant aucune anomalie osseuse, le médecin prescrivit deux anti-inflammatoires puissants et de quoi protéger l'estomac.


Le jeudi 8, nous réservâmes une voiture pour le lendemain et partîmes faire le tour des plages de Copacabana et d'Ipanema ; les plages sont toujours aussi belles mais le captain n'a pas retrouvé ni l'ambiance ni les belles cariocas de ses souvenirs : Mac Do et la malbouffe ont dû passer par là ! Atmosphère plutôt guindée et peu de baigneurs, mais rangées de parasols payants. Il fallut vraiment chercher pour apercevoir quelques "fils dentaires", nouvelle dénomination des maillots de bain de ces dames…

Nous déjeunâmes le midi dans une churascaria du quartier de Copacabana, restaurant de viande servie à la broche par des serveurs qui vous font le plein de l'assiette dès qu'elle est vide. Pensant avoir vu l'essentiel de la ville, à l'exception du quartier de Santa Teresa, nous avions prévu les trois jours suivants des visites de Paraty et Petropolis.

En conclusion et pour faire rapide et au risque de choquer les "brésilophiles" et les cariocas, nous avons porté un jugement un peu sévère sur la ville ; pour nous, elle vaut essentiellement, pour ne pas dire uniquement, par son site exceptionnel permettant des points de vue uniques sur sa baie et ses plages magnifiques. Mais la ville elle-même, nous l'avons trouvée épouvantable ! Coincée entre mer et montagne, limitée dans son développement horizontal, elle a gardé peu de traces de son passé dans son architecture pour laisser la place à des buildings déjà vieillissants et elle est le siège d'embouteillages permanents et d'une pollution tant chimique que sonore insupportable. Les eaux de sa baie n'incitent guère à la baignade compte tenu de sa couleur et des déchets de toute sorte qui y flottent. Les faubourgs jusque près du centre sont couverts des favelas où s'entasse la population la plus pauvre représentant encore 70% du total de ses habitants. L'insécurité, pas plus importante que dans n'importe quelle grande ville du monde il y a 35 ans lors de notre premier passage, a explosé. Pour couronner le tout, des plates-formes pétrolières commencent à voir le jour à l'extérieur et à l'intérieur de la baie…

Certes, il y a la samba, le carnaval, le football, l'insouciance des cariocas et leur gentillesse. Mais ça fait un peu court pour compenser le reste !

Paraty

Partant de Rio vers l'ouest, on atteint au bout d'une centaine de kilomètres la Costa Verde, ainsi dénommée à cause de l'épaisse végétation tropicale qui habille le littoral ; la route côtière longe alors le golfe d'Angra dos Reis ou d'Ilha Grande, paradis de la voile brésilienne avec ses 370 îles, 2000 plages, 7 baies et des dizaines de criques faisant autant de mouillages. On pourrait y passer des mois avec son voilier et nous regrettions de n'avoir pas eu le temps d'y venir avec Olympe !

A l'extrémité du golfe, à 265 km de Rio, se trouve la ville de Paraty, trésor de l'ère colonial classée au patrimoine mondial par l'Unesco en 1996. La ville fut fondée en 1660 et connut son essor et son incroyable richesse lors des découvertes des mines d'or et de diamants de l'état voisin du Minas Gerais. Elle était alors le point de rassemblement de toutes ces richesses avant leur expédition sur Rio ou directement vers le Portugal.



Elle fut ensuite une ville étape incontournable de la route côtière reliant São Paulo à Rio de Janeiro jusqu'à l'indépendance du Brésil déclarée en 1822 qui vit la fin des exportations d'or et de pierres précieuses. Puis, lors de la construction d'une nouvelle route directe reliant ces deux villes, elle s'endormit sur son passé prestigieux en conservant tout son caractère.

Elle est constituée d'églises et de demeures coloniales bordant des rues pavées partiellement inondées lors des fortes marées. Les restaurations de bâtiments ont été menées bon train à l'exception surprenante des édifices religieux : ce n'est pourtant pas l'argent qui manque mais la volonté de l'épiscopat de ne pas réhabiliter les églises dans leur style original !

Quant aux demeures coloniales, elles ont été blanchies à la chaux avec leurs huisseries peintes de couleurs vives. Nombre d'entre elles ont été transformées en galerie d'art ou commerce d'artisanat. L'ensemble est réellement ravissant, même si ça sent un peu le neuf. Nombre de pousadas, mi hôtels de charme à taille humaine mi maison d'hôtes, accueillent les touristes pour passer la nuit autour de cours intérieures aménagées en jardins luxuriants ; nous passerons une nuit très confortable dans l'une d'elle.

Durant ces deux journées, nous déambulerons dans ses ruelles fleuries, découvrant tour à tour l'église Santa Rita dos Paredos datant de 1722, réservée aux esclaves affranchis de l'époque, dans le style typique du baroque brésilien ; l'église Matriz Nossa Senhora dos Remédios faisant face au rio Perequê Açu, dont la première construction date de 1668 puis, après démolition, reconstruite une première fois en 1712 et enfin, dans sa forme actuelle, de 1789 à 1873 dans le style néoclassique ; la chapelle Nossa Senhora das Dores, construite en 1800 sur l'initiative des riches ladies aristocratiques de Paraty ; l'église Nossa Senhora do Rosario datant de 1725 qui fut la préférée des esclaves noirs qui participèrent activement à son édification.



Puis nous admirerons quantité de demeures coloniales toutes plus belles les unes que les autres, dans une superbe unité architecturale et dont la maison de la culture n'est pas la moindre réussite.

Cette visite de Paraty, véritable musée vivant, est incontournable pour tout visiteur du pays.

Petropolis, la ville impériale

Située à 65 km de Rio et à 810 mètres d'altitude, cette ville de 280 000 habitants aujourd'hui a été initiée par le premier empereur du Brésil, Pedro Ier, mais réalisée et terminée par son fils et successeur Pedro II, empereur de 1831 à 1889, année de son exil en France.

Pour y accéder, on emprunte une route en lacet s'élevant à flanc de collines dans une luxuriante verdure, apercevant de loin en loin les vestiges de l'ancienne voie d'accès pavée. Françoise, qui conduisait, devait être absorbée par la conduite des Senna en herbe qui se croyaient sur un circuit de F1 !

Arrivant à proximité de l'entrée de la ville, nous nous arrêtâmes à un point d'information situé devant une porte d'entrée monumentale laissant penser que nous allions trouver une ville aux larges avenues aérées bordées d'édifices d'époques. Sur ce point nous fûmes déçus car il fallut traverser des quartiers sans âme d'une ville sans attraits avant d'arriver au centre historique, assez petit, où sont concentrées l'ancienne demeure d'été impériale et des demeures d'époque enchâssées dans les écrins de verdure de jolis parcs.

C'est à pied que nous parcourrons les principales rues du centre, en commençant par la rue de l'Empereur à deux voies situées de part et d'autre d'un rio ; nous y verrons l'incroyable bâtiment de la poste avec sa façade ornées de colonnes, le théâtre D. Pedro, inauguré en 1933 et bien mal en point extérieurement malgré une restauration datant de 2003.

Puis, tournant dans la rue de l'Impératrice, nous pénétrâmes dans le parc de la résidence d'été de l'empereur aujourd'hui reconvertie en musée. De style néoclassique, le palais fut construit entre 1845 et 1862 ; nous déjeunâmes dans une annexe du château reconvertie en restaurant avant de le visiter. Les parquets de celui-ci sont d'une rare beauté et les visiteurs sont priés de chausser des chaussons en feutre pour la visite. Le captain qui avait son bras gauche en écharpe en fut dispensé.

Composé de 35 pièces dont 11 à l'étage, il renferme des collections de tableaux, de céramiques et de mobilier datant de l'ère de Pedro II. Mais le clou de la visite est la salle où sont exposés les joyaux de la couronne, notamment la couronne de Pedro II constituée de 639 diamants et de 77 perles, tous récupérés de la couronne de Pedro Ier par soucis d'économie déjà !



Nous déambulerons ensuite dans le centre historique ; à proximité de la demeure impériale se situe l'ancienne demeure des invités de l'empereur aujourd'hui occupée par l'arrière petit-fils de Pedro II. Nous remonterons l'avenue du 7 Septembre jusqu'à la cathédrale São Pedro de Alcântara achevée seulement en 1939 après 55 années de construction.

A proximité, nous longerons le parc dans lequel se situe le Palácio de Cristal, sorte d'immense verrière importée de France où sont organisées des expositions d'art ou d'horticulture.



Quelques rues plus loin, après avoir longé de belles demeures de charme aux tons roses sises dans de jolis parcs, nous atteignîmes l'Université Catholique de Petropolis derrière laquelle se situe l'ancienne maison de Santos-Dumont, pilote et inventeur brésilien ; c'est une petite bâtisse toute en hauteur perchée sur une proéminence du terrain, renfermant des objets ayant appartenu à son ancien propriétaire.

L'heure avançant, nous regagnâmes notre voiture pour rentrer à Rio puis à Niteroï après s'être égarés à plusieurs reprises dans les nombreux échangeurs routiers nous menant dans des quartiers manifestement peu fréquentables !

Rio, la fin du séjour

Le lendemain, 12 mars, nous fîmes les courses d'avitaillement, Maryse préparant les plats en vue de la remontée vers Salvador ; l'état de l'épaule du captain ne s'améliorant pas, il retourna voir le médecin qui lui fit une infiltration qui s'avérera efficace.

Le 13, nous effectuerons sans encombre les formalités de sortie de l'état de Rio ! Puis nous récupérerons le balooner réparé et le moteur du pilote révisé. Les deux jours suivants, nous effectuerons les derniers préparatifs du bateau, pleins d'eau et de gasoil, nettoyage de la coque, ferons les approvisionnements de produits frais et profiterons de la piscine du club naval.

La veille du départ, nous recevrons Susy et son mari Renato pour un apéritif à bord ; comme pour atténuer notre tristesse de quitter les lieux, il se mit à pleuvoir toute la nuit.

Le 16 mars à 8h10, nous levions l'ancre de la baie de Jurujuba, destination Ilheus.

 

ESCALE A ILHEUS

Entre Rio et Salvador se situe la ville d'Ilhéus dans l'état de Bahia que nous atteignîmes après trois jours de mer; il s'agit de l'ancienne capitale du cacao où se sont installés une partie de l'année Philippe et Josette, des amis de plus de trente ans de Jean-Marie et Françoise, du temps où ils habitaient à Sao José dos Campos. Ils s'étaient revus à plusieurs reprises en France et étaient restés en contact. Aussi, lorsque Philippe et Josette apprirent notre périple, nous fûmes invités tous les quatre à passer le temps qu'il nous plairait chez eux, à Serra Grande, à 35 km au nord d'Iléus.

Fondée en 1534, cette ville, patrie de l'écrivain Jorge Amado, est l'un des plus grands ports de commerce du Brésil. Il n'y a malheureusement aucune marina et c'est devant le petit Iate Club que nous mouillerons Olympe à notre arrivée le 19 mars et le laisserons durant trois jours.

A peine arrivés, Philippe, qui suivait l'avancement du bateau sur internet, vint nous chercher pour nous emmener chez lui ; au bout d'une bonne demi-heure de route, après avoir suivi la côte avec de belles vues sur des plages désertes magnifiques, nous arrivâmes dans le village de Serra Grande fort d'environ 2500 âmes. De là, il fallut prendre une piste de terre parfois défoncée pour parvenir, 5 km plus loin, au condominium (un lotissement) et arriver au travers d'un bout de forêt primitive sur la propriété de Philippe et Josette, au milieu de nulle part sauf en bordure d'une magnifique plage déserte.



Sur leurs 2,5 hectares de terrain couverts d'arbres natifs et de cocotiers, ils se sont fait construire un "petit" paradis avec une magnifique maison d'architecte toute de bois et de verre, avec quelques pans de murs en pierres du pays et une très belle piscine à débordement pour ceux qui n'aiment pas les rouleaux de l'océan.

Nous fûmes admirablement reçus et chouchoutés pendant deux jours et profitâmes de ce moment de détente pour nous ressourcer, surtout Françoise qui avait été terrassée par le mal de mer durant tout le trajet.


Le lendemain, Philippe nous emmena au centre d'Ilhéus afin que nous puissions découvrir les fastes passés de la période du cacao ; de nombreuses restaurations de bâtiments étaient en cours pour fêter bientôt le centième anniversaire de la naissance de l'enfant du pays, Jorge Amado, dont les premiers romans se situent justement à l'époque de l'apogée de la culture du cacao.


Nous visiterons la cathédrale fraîchement repeinte, à l'intérieur lumineux, les ruelles du centre ville animées et bordées de maisons coloniales colorées dont les pas de porte sont maintenant souvent dédiées à des commerces, l'hôtel de ville et… "Le Bataclan", restaurant-spectacle d'inspiration très parisienne.



C'est le 22 que nous prendrons congé de nos hôtes, ravis de cette escale impromptue, à l'exception de Françoise qui subit toujours les séquelles de son mal de mer et qui restera deux jours de plus pour voir un médecin avant de nous rejoindre à Salvador.

SALVADOR

Une journée de mer sera suffisante pour rejoindre Salvador dans l'état de Bahia, première capitale du pays située à l'entrée de la Baie de Tous les Saints. Nous allions trouver l'une des destinations favorites des navigateurs effectuant le tour de l'Atlantique ou poursuivant plus à l'ouest leur périple vers les Antilles et Panama. C'est aussi une ambiance toute différente de celle de Rio, avec une culture plus mélangée et souvent d'origine africaine.

C'est seulement 30 ans après la découverte du Brésil que cette région fut colonisée par les Portugais ; en 1530, les premiers colons s'installèrent et, en 1549, la ville de Salvador devint la première capitale du Brésil.

Aujourd'hui, elle n'est plus que la capitale de l'état de Bahia situé dans la région du Nordeste. Mais elle a conservé sa culture brésilienne multiraciale conséquence des fortes immigrations africaines et européennes. Avec ses 2,6 millions d'habitants, elle est la quatrième ville du pays. Gorgée de musique d'inspiration africaine, embaumée des senteurs de sa cuisine de même origine et avec ses 365 églises (réalité ou légende, nous n'avons pas compté), elle est une autre destination incontournable et attachante de ce pays.

Mais il y a le revers de la médaille ; d'une richesse culturelle incomparable dans son centre historique, elle est devenue une ville touristique de premier plan ; mais il faut se garder de s'éloigner des sentiers battus car l'insécurité des autres quartiers est bien réelle ; nous nous sommes toujours méfiés de ces à-priori, constatant par nous-mêmes qu'ils étaient souvent infondés ; mais la suite de notre séjour allait nous en apporter la malheureuse réalité.

C'est le 23 mars que nous pénétrâmes dans la Baie de Tous les Saints, un peu dépités par le spectacle de cette ville ressemblant davantage à une agglomération américaine avec ses gratte-ciel qu'à la destination touristique à laquelle on s'attendait. Mais au fur et à mesure que nous nous rapprochions du centre, les gratte-ciel laissaient la place à des bâtiments anciens dont l'état de certains laissait tout de même à désirer.



A 13h30 nous pénétrâmes dans le terminal nautico, la marina "historique" de Salvador qui a l'avantage d'être située au centre de la ville basse, à proximité de l'Elevador Lacerda, l'ascenseur permettant de gagner la ville haute en quelques minutes. Mais au moment où nous positionnions le bateau pour entrer en marche arrière vers le ponton flottant, le propulseur d'étrave fit un bruit d'enfer et se trouva inopérant : la transmission était manifestement cassée et nous n'étions plus manœuvrant…

Le captain décide alors de ressortir de la marina pour aller mouiller à l'extérieur, le temps d'analyser le problème. Aussitôt dit aussitôt fait et nous nous retrouvons au mouillage derrière le fort São Marcelo. Mais alors que le système avait déjà été démonté à plusieurs reprises par le captain au cours du voyage, cette fois impossible de le désaccoupler et donc impossible d'effectuer le diagnostic.

On met alors l'annexe à l'eau pour que Jean-Marie aille prévenir le bureau de la marina que nous allons revenir nous mettre au ponton mais que nous avons besoin d'aide car nous ne sommes plus manœuvrant en marche arrière.

Profitant d'une baisse du vent, nous lèverons le mouillage pour rejoindre notre place ; personne de la marina pour nous accueillir mais nos nouveaux voisins de ponton nous donnèrent un bon coup de main et tout se passa pour le mieux. Nous essaierons plus tard à plusieurs reprises de démonter sans succès l'axe du propulseur. Les autres escales brésiliennes et guyanaises devant s'effectuer au mouillage, cela n'était pas trop grave et le captain décida qu'on rejoindrait ultérieurement la base Amel en Martinique pour réparer.

Première différence notable avec Rio, on voit que Salvador est une destination habituelle et favorite des croisiéristes ; tout d'abord par l'existence de vraies marinas, puis par la présence de nombreux bateaux de voyage étrangers, majoritairement français mais aussi allemands. On pourra confirmer cette différence par la compétence du personnel de la marina et par la facilité avec laquelle on fera les formalités d'entrée dans l'état de Bahia ; en effet, nous ne les avions pas faites à Ilheus compte tenu du peu de temps que nous devions y rester. Bref, notre séjour s'annonçait sous les meilleurs hospices, étant déjà envoûtés par l'ambiance et la musique que l'on entendait de toute part dès la nuit tombée.

Le lendemain samedi, nous partirons faire un premier tour du centre historique de la ville. Non seulement nous ne serons pas déçus mais nous serons émerveillés, même si de nombreux monuments, surtout les églises, étaient fermés pour cause de restauration. Car manifestement le Brésil se refait une beauté, jeux olympiques et coupe du monde de football obligent !



Ce centre historique se situe dans la Citade Alta, la ville "haute", ce qui nécessite de prendre le fameux Elevador Lacerda pour atteindre la Praça Municipal où trône le Palácio Rio Branco qui fut le palais des gouverneurs de l'état. Prenant alors la rua da Misericórdia, on passe devant la Santa Casa da Misericórdia, église et hôpital du 17ème siècle adjacent à la Praça da Sé que l'on traverse le long de ses façades colorées pour atteindre le Terreiro de Jesus.


Là se trouvent trois églises : la Catedral Basilica construite au 17ème siècle, de style jésuite, mais malheureusement fermée et qui mériterait une restauration de sa façade, São Pedro dos Clérigos datant du 18ème siècle et l'Ordem Terceira de São Domingos, église dominicaine du 17ème .

  

  

Sur la gauche de la Catedral Basilica se situe l'ancienne faculté de médecine, joli bâtiment rose aujourd'hui reconvertie en musée.

Sur une place adjacente, la Praça Anchieta, se situe l'une des plus fastueuses églises baroques du monde : São Francisco, construite au 18ème siècle avec des pierres importées du Portugal. Elle était également malheureusement fermée. Elle contient des profusions de sculptures dorées à la feuille et des azulejos retraçant des scènes de la vie de Saint-François.

Tout à côté se trouve l'Ordem Terceira de São Francisco dont la façade est de style baroque espagnol, très chargé !

Nous descendrons ensuite la rua Alfredo Brito où sont concentrés nombre de boutiques d'artisanat et de galeries de peintures naïves assez jolies, pour gagner le quartier du Pelourinho où se concentrent les demeures coloniales les mieux préservées de Salvador, avec leurs façades colorées s'éparpillant sur des flans de collines abruptes le long de ruelles pavées. Le spectacle est magnifique !

Pelourinho signifie "pilori" ; le quartier doit son nom au fait qu'il est l'endroit où étaient punis les esclaves et les criminels. Ce quartier a été recensé par l'Unesco comme étant le plus important ensemble architectural colonial des 17ème et 18ème siècles des deux Amériques ; il ne faudrait toutefois pas oublier le centre historique de la ville de Carthagène en Colombie. Depuis 10 ans, de nombreuses demeures ont été restaurées, travaux qui continuent actuellement pour le plus grand plaisir des yeux.

Arrivant sur le Largo Pelourinho, vaste place pavée, on trouve sur la droite la Casa de Jorge Amado, musée consacré à l'écrivain brésilien le plus célèbre. A côté se tient le petit Museu da Citade consacré au folklore afro-brésilien.

Nous déjeunerons au Senac, l'école hôtelière d'état (ça se voit au nombre et à la nonchalance du personnel…) situé sur la même place à droite en descendant. Nous continuerons ensuite notre progression en passant devant cette belle église bleue, la Nossa Senhora do Rosário dos Pretos, bâtie par les esclaves qui ne pouvaient pénétrer dans les lieux de culte de leurs maîtres. Elle était également fermée pour restauration intérieure.



Arrivés au bas du Largo, nous empruntâmes la ruelle montante Ladeira do Carmo bordée de galeries de peintures d'artistes contemporains de bon niveau pour atteindre le Carmo constitué d'une église, l'Igreja do Carmo, et son couvent adjacent aujourd'hui reconverti en hôtel de luxe. En continuant, nous découvrirons d'autres demeures en cours de restauration dont certaines couvertes d'azulejos du plus bel effet.

C'est un peu fatigués que nous retournerons au bateau, non sans avoir admiré du haut de l'élévateur la vue sur la marina.

Le lendemain, nous nous occupâmes d'Olympe et échouâmes à nouveau dans notre tentative de démonter le propulseur d'étrave malgré les quantités de WD40 pulvérisées pour tenter de dégripper l'axe. Mais nous partîmes également en reconnaissance pour trouver un supermarché pour y faire ultérieurement l'approvisionnement du bord.

C'est là que nous allons partir de la marina vers la ville haute sans emprunter l'Elevador Lacerda mais en empruntant les ruelles montantes. C'était un dimanche et les rues étaient quasiment désertes. Nous demanderons notre chemin à une femme qui nous conduira à un shoping center mais sans supermarché.

Pour le retour, Jean-Marie fut persuadé que nous pouvions reprendre un autre chemin car le quartier traversé à l'aller n'était pas très rassurant ; évidemment, nous nous sommes égarés et, apercevant les ruelles dévalant la colline pour rejoindre le bord de mer, celles-ci ressemblaient à de vrais coupe-gorges. Nous demandons alors notre chemin à un jeune attendant à l'arrêt d'un bus ; celui-ci ouvre des yeux grands comme des soucoupes et nous dissuade d'emprunter ces ruelles en nous conseillant de prendre un taxi.

Un peu plus loin, à l'entrée d'un bâtiment officiel, nous reposons la même question au planton en uniforme qui en garde l'entrée ; il ouvre alors des yeux grands comme des assiettes plates, nous prenant sans doute pour des extra-terrestres et nous supplie de prendre un taxi ce que nous finirons par faire !

Il est vrai que les quartiers que nous avons traversés étaient vraiment glauques, croisant des patrouilles de policiers à pied les mains sur leur arme de poing. Nous apprendrons le lendemain qu'un de nos voisins de pontons s'était fait agressé dans ces ruelles et avait été dépouillé de son argent sous la menace d'une arme blanche.

Ce n'est que le lendemain 26 vers 15h que nous récupérerons Françoise venue par avion d'Ilhéus, malheureusement toujours pas en grande forme. Nous eûmes aussi ce jour là la bonne surprise de voir arriver le bateau Geronimo de Florence et Thierry, rencontré en Afrique du Sud, en provenance de Sainte-Hélène après une bonne traversée. Ils nous confirmèrent que, partis avec 22 autres bateaux de Durban le jour où nous quittions plus au nord Richard's Bay, aucun de ces 23 bateaux n'alla au-delà de Mossel Bay : ils nous soupçonnèrent de nous être accrochés à un super tanker pour être parvenu si vite et sans arrêt sur la presqu'île du Cap de Bonne Espérance ! Nous nous retrouvâmes ainsi à 7 bateaux français sur le ponton, dont le grand catamaran Kallima de Brigitte et Serge, en début de tour du monde, que nous retrouverons plus tard à Recife.

A peine Françoise arrivée, nous retournâmes dans le centre historique de la ville pour un rapide tour d'horizon ; Jean-Marie et Françoise connaissaient déjà les lieux, mais depuis plus de trente ans ils étaient curieux d'en voir l'évolution.



Le lendemain fut consacré aux formalités pendant que ces dames faisaient un tour au Mercado Modelo, le marché artisanal situé à côté de la marina où l'on peut trouver un condensé de tout ce qui peut se fabriquer dans le Nordeste. Puis le soir nous retournâmes dîner sur la place Terreiro de Jesus où est organisé chaque mardi soir une animation avec orchestre et stands de restauration. La caïpirinha fut excellente, mais la musique, moderne et hurlante, très décevante.


Les deux jours suivants furent consacrés à approfondir les visites de la vieille ville que nous avions entamées lors de notre arrivée. C'est ainsi qu'en plus de ce que nous avions déjà découvert, nous visiterons le musée afro-brésilien installé dans l'ancienne faculté de médecine, le musée Jorge Amado consacré à sa vie et à ses œuvres romanesques mais aussi télévisuelles ; puis, à l'église des Carmes, nous pourrons admirer la célèbre statue du Christ au pilier, 2000 rubis ayant été utilisés pour représenter les gouttes de sangs sur le corps. Cette statue réalisée en bois du pays possède l'anatomie la plus parfaite que l'on ait pu réaliser de main d'homme ; ce chef d'œuvre fut réalisé en huit ans par l'esclave du nom de Chagas, surnommé O Cabra, sans aucune formation artistique.

Le soir, Françoise et Jean-Marie nous invitèrent dans un excellent restaurant où des tables sont situées dans un petit jardin plein de fraîcheur : le Maria Mata Moro ; nous le recommandons !

Le lendemain, après une nouvelle visite au Mercado Modelo, nous visiterons dans la ville basse près de la marina et face aux bâtiments de la Marine, l'église Nossa Senhora da Coneição qui fut construite au Portugal au début du 18ème siècle puis transportée pierre à pierre par bateau pour être reconstruite à Salvador ; on se croirait presque à l'intérieur d'un théâtre avec ses balcons latéraux. Elle renferme la statue de la sainte patronne de Bahia à l'origine de la procession annuelle du 8 décembre qui en fait l'une des plus importantes manifestations religieuses de Salvador. Son plafond peint est également de toute beauté.

Le 29, veille de notre départ, nous fûmes invités à dîner à bord de Geronimo ; nos chemins brésiliens semblaient se séparer mais nous avions peut-être une chance de nous revoir en Martinique où nous devrons nous trouver à peu près à la même époque.
C'est le 30 à 15h, une semaine jour pour jour après notre arrivée, que nous larguions les amarres à destination de Recife, enchantés par cette escale culturellement passionnante.

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