OLYMPE AUTOUR DU MONDE

ARCHIPEL DES MASCAREIGNES

La géographie et l'histoire des deux îles principales de cet archipel étant intimement liées, nous en avons regroupé ces chapitres qui seront donc communs aux deux îles visitées.

Un peu de géographie

L'archipel des Mascareignes se situe au sud-ouest de l'océan Indien, entre les latitudes 20° et 22° sud, à quelques 900 km à l'est de Madagascar. Cet archipel comporte trois îles principales, l'île Maurice, l'île Rodrigues dépendant de la précédente et l'île de La Réunion.

Bien qu'étant assez éloignées les unes des autres, elles n'en constituent pas moins un archipel du fait de leur formation commune autour du point chaud de La Réunion. Ce sont donc des îles d'origine volcanique.

L'île Maurice a une superficie de 1865 km2, mesurant 63 km du nord au sud et 47 km d'est en ouest. La plupart de ses 330 km de côtes est protégée par une barrière de corail formant ainsi un lagon autour de l'île. Sa formation date de huit millions d'années; elle est donc plus ancienne que l'île de La Réunion qui ne date "que" de trois millions d'années, et n'a plus aujourd'hui d'activité volcanique. Elle est en outre beaucoup moins élevée que sa consœur, ne culminant qu'à 823 mètres.

Quant à l'île de la Réunion, d'une superficie 2512 km2, elle mesure 72 km du nord au sud et 55 km d'est en ouest. Plus jeune, l'île n'a pratiquement pas de barrière de corail à l'exception de quelques kilomètres sur la côte ouest. Le volcan d'origine, le Piton des Neiges, culmine à 3070 mètres, constituant le plus haut sommet de l'océan Indien. Son activité est actuellement en sommeil alors qu'un autre volcan, le Piton de la Fournaise, est toujours l'un des volcans les plus actifs et les plus surveillés du monde;il entre en éruption pratiquement chaque année, parfois pendant plusieurs mois.

Un peu d'histoire

La position stratégique de ces îles sur la route des Indes leur valut probablement d'être connues dès le 10ème siècle par les Arabes. Mais c'est au début du 16ème siècle que des navigateurs portugais, Pereira, Lopes de Sequeira et Mascarenhas s'y arrêtèrent, ce dernier donnant son nom à l'archipel.

Mais les côtes de l'actuelle île de La Réunion étant plus inhospitalières, c'est l'île Maurice qui fit l'objet la première d'une colonisation par les hollandais après que Van Warwyck y ait accosté en 1595. Venant de leur colonie du Cap en Afrique du Sud, ils y envoyèrent leurs forçats ainsi que des esclaves comme ouvriers agricoles. Ils furent à l'origine du pillage écologique de l'île après la surexploitation des forêts de bois précieux et la chasse des animaux qui conduisit à la disparition du fameux dodo. En 1658, ils finirent par abandonner l'île jugée trop difficile à développer.

Pendant ce temps, en 1638, les premiers colons français débarquèrent sur l'île de La Réunion et fondèrent Saint-Paul ; l'île Mascarin, telle qu'elle s'appelait alors, est rebaptisée île Bourbon. Mais la véritable colonisation organisée de l'île sera l'œuvre de Colbert qui créera la Compagnie des Indes Orientales en 1662 dont le but est d'occuper Madagascar et qui parallèlement s'occupera de l'île Boubon. Commencera alors une période d'esclavagisme pour le développement des cultures, notamment du café.

C'est aussi à cette époque, vers 1715 que la France, sous la houlette de Guillaume Dufresne d'Arsel, parti de l'île Bourbon, débarque à Maurice pour en prendre possession et la rebaptiser Île de France.

C'est en 1735 que Louis XV nomma un capitaine de la Compagnie des Indes comme gouverneur des îles Bourbon et de France, le malouin Mahé de la Bourdonnais. Celui-ci s'avéra être un véritable développeur, transformant ces îles en créant une industrie navale, en constituant des voies de communication, en construisant les premiers hôpitaux. A l'île de France, il sera surnommé "le père de l'île".

Suite aux déboires financiers de la Compagnie des Indes, le royaume rachète les deux îles qui deviennent alors une colonie à part entière. Mais c'était sans compter sur nos éternels amis anglais qui lorgnaient depuis longtemps sur ces terres stratégiques pour le contrôle maritime de la route des Indes. Malgré la seule victoire maritime de Napoléon, ils investirent les deux îles avant que le traité de Paris en 1814 n'officialise le partage, l'île Bourbon revenant à la France, l'île de France redevenue Maurice à l'Angleterre.

Mais peu de colons anglais vinrent s'installer à Maurice où les habitants purent conserver leurs usages, leur langue et leur religion. C'est la raison pour laquelle le français est encore parlé dans l'île aujourd'hui.

Le 12 mars 1968, Maurice accéda à l'indépendance alors que l'île de La Réunion, qui avait pris ce nom lors de la révolution française, devint un département d'outre-mer français en 1946.

ÎLE MAURICE

C'est le 18 octobre 2011 après un peu plus de vingt jours de mer pour traverser l'océan Indien que nous arrivons à l'île Maurice dans l'après-midi après être passés au nord de l'île Rodrigues trois jours plus tôt sans nous arrêter.

Nous nous amarrons au quai des Douanes au fond du port de Port-Louis, la capitale, en plein centre ville, après quelques échanges très courtois par VHF avec le Port Control. Première surprise, après les premiers échanges en anglais et après avoir décliné notre nationalité, c'est en français que l'on nous répond! Il en sera de même avec les douaniers qui nous diront d'attendre à bord le représentant du service de santé avant de quitter le bateau pour effectuer les autres formalités. C'est seulement vers 20h que la représentante du service viendra nous voir pour nous demander de la rejoindre à la terrasse du café située à proximité (!); elle nous demandera si quelqu'un est malade à bord, remplira un formulaire que nous signerons et en cinq minutes le tour sera joué…

Il ne faudra guère plus de temps avec les douanes et la police du port, personne ne se déplaçant à bord. Il faut noter que ces derniers services fonctionnent 24h/24, chose assez rare pour être signalée. Ce n'est que le lendemain matin que le représentant du service d'Immigration viendra nous voir, toujours à la terrasse du café, pour tamponner nos passeports. Il ne nous restait plus qu'à larguer les amarres du quai des Douanes pour nous rendre dans la petite marina Caudan où nous prendrons la place d'un bateau qui partait, tout au fond de la marina le long du quai principal devant l'entrée du superbe hôtel La Bourdonnais.

La journée sera consacrée au nettoyage du bateau, aux lessives et au démontage du chariot de bôme de grand-voile ; le chantier Amel en a en stock et nous en expédiera un chez Jean-Claude et Monique à l'île de la Réunion. Bien sûr, on trouvera aussi le temps de faire une première découverte de l'environnement de la marina et de trouver l'internet café que nous utiliserons souvent, le réseau Wifi de l'hôtel de La Bourdonnais s'avérant d'une qualité aléatoire.

Deux ou trois autres bateaux français sont dans la marina ; nous irons discuter un peu avec eux. Ce sont en fait des bateaux de la Réunion venant épisodiquement à l'île Maurice. Ils nous renseigneront sur la qualité des ports de la Réunion et confirmeront que la taille d'Olympe nous "condamnera" à rallier le port des Galets situé à quelques 20 kilomètres de Saint-Denis. On prendra aussi quelques adresses utiles de mécaniciens pour la réparation de l'enrouleur de génois.

C'est le lendemain 20 octobre que nous récupérons une voiture de location ; le matin, Martine et Maryse se rendent à l'office de tourisme et au marché central pendant que Michel et le captain partent à la recherche de vis inox qu'ils trouveront finalement non loin du marché dans le quartier chinois.

On sera étonné de constater que le français soit si universellement parlé ; et malgré que l'anglais soit la langue officielle du pays, toutes les publicités dans les rues sont rédigées en français et les émissions de radio sont également émises dans la langue de Molière. L'explication est finalement assez simple : le Créole est en fait la langue universelle et maternelle des Mauriciens et les racines françaises y sont bien sûr nombreuses. Il leur est donc plus facile d'assimiler le français que l'anglais qui n'est utilisé que pour les actes officiels et sans doute dans les affaires.

La visite de l'île commencera l'après-midi par le sud de Port Louis et plus précisément par le sud de la chaîne montagneuse du Moka située au sud-est de la ville. Nous y visiterons la maison Eurêka, une très belle maison coloniale qui appartint à Eugène Le Clézio, aïeul de l'écrivain. Construite en 1830, il en fit l'acquisition en 1856. Elle a été transformée en musée en 1980, le domaine appartenant à l'ex époux de l'arrière petite fille d'Henri Le Clézio, fils d'Eugène.

Cette belle demeure est un exemple parfait des maisons coloniales somptueuses de l'époque ; située au pied de la montagne Ory et bordée par la rivière Moka, elle est construite en essences du pays et comporte pas moins de cent neuf portes desservant les pièces communiquant toutes entre elles du fait de l'absence de couloir.

La plupart des meubles d'époque de la Compagnie des Indes a été récupérée par la famille ; il reste néanmoins quelques belles pièces : un salon en bois de rose, une salle à manger en acajou, un salon chinois en bois d'ébène, un salon de musique en bois de palissandre et de cannelle.

  

Comme toutes les maisons de ce style, une varangue à colonnades fait le tour complet du bâtiment, ouverte sur le parc. En contrebas de ce dernier à une petite demi-heure de marche, on atteint plusieurs petites cascades se déversant dans des bassins naturels de la rivière Moka dans un cadre enchanteur.

Nous repartirons ensuite à la recherche du château du Réduit datant du milieu du 18ème siècle et qui fut la demeure des gouverneurs français puis britanniques de l'île . C'est aujourd'hui le lieu de travail du Président de la République de Maurice et, malheureusement, ce château ne se visite qu'une journée par an. Déçus, nous regagnerons le bord en fin d'après-midi, constatant toutefois que la circulation, encore à gauche, n'avait plus rien à voir avec celle de Bali : peu ou pas de deux roues, un parc automobile plus récent et un réseau routier en bien meilleur état.

Le lendemain, nous nous rendrons à Curepipe, ville du centre la plus élevée de l'île à 605 m d'altitude et réputée pour son climat humide ; pour s'y rendre, il faut emprunter la deux fois deux voies qui relie Port Louis à l'aéroport situé au sud-est de l'île. Curepipe est située au sud d'une large agglomération urbaine constituée de Beau Bassin, Rose Hill, Quatre Bornes, Phoenix, Floreal et Vacoas dans laquelle il est difficile de se retrouver. C'est dans cette zone que se trouve la plupart des ateliers de fabrication de maquettes de bateaux dont Maurice s'est fait une spécialité. Et justement, le captain a une idée derrière la tête et aimerait voir de quoi il retourne…


Arrivés à Curepipe, nous admirerons tout d'abord l'église Sainte Thérèse dont l'austérité extérieure est heureusement compensée par la clarté de sa charpente en bois peinte en blanc et son très joli chœur, puis le collège royal, construit en 1913, qui ne peut renier son style britannique et qui a formé toute l'élite du pays.

Un monument aux morts est situé devant l'entrée ; il est dédié aux soldats britanniques et français de la première guerre mondiale.

Nous atteindrons ensuite le beau bâtiment colonial qui abrite l'hôtel de ville, à proximité du marché forain. Tout de blanc vêtu avec son toit en bardeaux bleutés, il a effectivement fière allure.
Tout près se situe la bibliothèque Carnegie qui abrite paraît-il de nombreuses et intéressantes archives concernant l'histoire de l'archipel des Mascareignes ; dans le jardin attenant, on peut admirer la statue de Paul et Virginie. 

Paul et Virginie

Qui ne connait pas ce classique de la littérature romanesque écrit par Bernardin de Saint-Pierre en 1788 ? Il raconte l'amour impossible de deux enfants ayant grandi sur l'île de France, comme elle s'appelait à cette époque, jusqu'au jour où Virginie dut partir étudier en France. Ne supportant pas la double séparation de son bien aimé et de l'île de son enfance, elle reviendra trois ans plus tard ; l'auteur s'inspirera alors du naufrage du Saint-Géran en 1744 pour terminer son histoire, faisant ainsi disparaître l'héroïne ainsi que Paul qui mourra de chagrin faute de n'avoir pu sauver Virginie de la tempête.



Nous nous rendrons ensuite au Trou aux Cerfs qui est en fait un ancien cratère éteint dominant la ville ; il est aujourd'hui rempli d'une végétation dense. Sa largeur à la base est de 180 m pour une profondeur de 80 m. Rien d'impressionnant donc après les nombreux volcans visités depuis le début du voyage, mais la vue sur la ville et surtout vers l'ouest en direction de l'océan et des montagnes des Trois Mamelles, du Rempart et du Corps de Garde était intéressante.

C'est en redescendant du Trou aux Cerfs que nous tomberons par hasard sur un magasin et son atelier de maquettes de bateaux dénommé… Bobato ! Nous tomberons en admiration devant la qualité du travail réalisé à partir de plans de voiliers anciens, la plupart du 18ème siècle. Tek, chêne, bois de fer et palissandre sont les principales essences utilisées par cet atelier pour réaliser de petits bijoux, avec les accessoires coulés en laiton dans des moules fabriqués sur place. Mais il ne fallait pas s'emballer tout de suite, d'autres ateliers devaient être visités avant de prendre une éventuelle décision, d'autant que les prix affichés n'étaient tout de même pas donnés.

Justement, la station service où nous avions fait le plein d'essence nous avait indiqué une adresse que nous avions du mal à trouver. Nous voyant examiner le plan de la ville à un feu rouge, un motocycliste se prétendant des services de la mairie nous proposera de nous emmener dans un centre où se trouvent paraît-il les maquettes au meilleur rapport qualité-prix. C'est sous la pluie que nous le suivrons quelques kilomètres jusqu'à un centre commercial dénommé "Le Port", un vrai piège à touristes ; il est vrai néanmoins qu'il y avait là de nombreuses maquettes de bateaux à un prix inférieur à l'atelier précédent, mais la qualité du travail et le rendu de l'objet fini n'étaient pas à la hauteur du premier.

Mais dans ce centre, il y avait bien d'autres choses exposées et, pendant que les femmes partaient dans les rayons de fringues et de bijoux, Michel et le captain restaient discuter un bon moment avec notre "guide" qui nous apprit, dans un très bon français, que sa fille avait fait ses études de comptabilité à Rennes.

Soulagés, nous vîmes les femmes réapparaître les mains vides presqu'une heure plus tard et notre compagnon de route voyant que l'on ne se décidait pas à acheter nous proposa de nous emmener dans un troisième atelier de maquettes ; manifestement, il devait être commissionné par les fabricants. La qualité était aussi très bonne mais nous avions décidé…de ne rien décider ce jour là !

Nous prîmes alors la route du retour en nous perdant à nouveau et en s'arrêtant dans une grande surface refaire des stocks d'avitaillement.

Le lendemain, nous partons pour la ville de Pamplemousse située à 12 kilomètres au nord-est de Port Louis et qui possède deux curiosités incontournables, un magnifique jardin tropical et un musée sur l'histoire de l'île et la fabrication du sucre.

Arrivés au jardin botanique, nous fûmes l'objet d'âpres discussions entre guides pour savoir lequel d'entre eux allait s'occuper de nous : assez désagréable. On pouvait bien sûr faire la visite seuls mais sans documentation existante ni panneaux explicatifs cela n'avait pas grand sens. Bref, celui qui parla le plus fort eut raison de ses confrères et nous partîmes en visite accompagnés d'une famille suisse en vacances sur l'île.

L'histoire de ce parc est intéressante ; c'est Mahé de la Bourdonnais qui en acquit les terrains à son arrivée en 1735 pour y construire sa demeure qu'il appellera "Mon Plaisir" et cultiver un jardin potager ; deux ans plus tard, il la cédera à la Compagnie des Indes et elle devint jusqu'en 1770 la résidence des gouverneurs de l'île avant que le château du Réduit ne prenne le relais.

En 1767, Pierre Poivre, intendant du roi, acquit le domaine et le transforma en jardin botanique en y introduisant toute sorte d'espèces rares qu'il avait découvertes lors de ses voyages en extrême Orient. Il les acclimata avec succès pour les exporter à prix d'or vers l'Europe.

En 1775, c'est le botaniste Jean-Nicolas Céré qui prit le relais en développant l'œuvre de Poivre mais, par la suite, le jardin fut délaissé par les anglais jusqu'en 1849 où James Duncan se mit à poursuivre l'œuvre des français.

Avec des commentaires éclairés, le guide nous fera découvrir de nombreuses espèces inconnues pour nous parmi toutes celles qui nous ont été données de voir : palmier bouteille, palmier à pied d'éléphant, baobab, ébénier, acajou, quatre épices, teck, camphrier, goyavier royal, arbre à laque, badamier, cannelier, etc.

Notre guide nous expliqua l'apport essentiel des français dans la flore actuelle de l'île qui était d'origine volcanique et donc sans pratiquement aucune plante endémique ; alors que les hollandais ont introduit 3% des espèces actuelles et les anglais 30%, les français en ont importé plus de 60%. Pierre Poivre est donc ici vénéré et possède son buste dans le jardin.

Puis nous découvrirons le bassin aux nénuphars géants originaires d'Amazonie qui sont actuellement attaqués par des escargots d'eau dont il semble difficile de se débarrasser. Nous avions déjà vu les mêmes dans le jardin botanique d'Auckland en Nouvelle-Zélande.

Le bassin aux lotus est l'un des clous de la visite, avec leurs fleurs jaune ou blanche.

En fin de visite, nous verrons une collection de tortues géantes importées des Seychelles et que l'on peut approcher sans toutes les précautions prises aux Galápagos, ainsi qu'un troupeau de cerfs dans un enclos qui leur est réservé.

Après deux heures de visite, nous nous rendîmes au musée de l'Aventure du Sucre situé quelques centaines de mètres plus loin. Notre guide signalait qu'il fallait y consacrer au moins quatre heures de visite : cela nous semblait bien long mais en réalité cela ne suffit pas !

Le musée a été créé dans une ancienne usine sucrière où tous les équipements rénovés ont été conservés et parfaitement remis en état. Le circuit de visite suit la logique du circuit de fabrication du sucre à partir de la canne à sucre, avec de nombreux panneaux explicatifs et des vidéos. En parallèle est remise en perspective l'histoire de l'île. C'est une mine de renseignements passionnants mais la complexité du processus de l'industrie sucrière est telle qu'une visite en deux fois serait plus adaptée, tant la quantité d'informations, parfois très techniques, est importante et la capacité d'assimilation à nos âges avancés (!) plus limitée… C'est en tout cas une visite incontournable quand on a la chance de passer à Maurice.

C'est sur les rotules que nous déjeunerons en milieu d'après-midi au restaurant installé sur place et où nous aurons la surprise de constater le caractère effronté des cardinaux de Madagascar, magnifiques petits oiseaux rouge orangé venus picorer les restes des repas des clients.

Avant de rentrer à Port Louis, nous pousserons jusqu'au Cap Malheureux, pointe extrême nord de l'île, puis longerons la côte nord-ouest en passant par Grand Baie, la Pointe aux canonniers, longeant la route côtière où malheureusement des constructions hôtelières masquent le paysage. Ce que l'on aperçoit tout de même de la côte n'a rien d'extraordinaire.

Le lendemain, 23 octobre, pas question de manquer la finale du championnat du monde de rugby opposant la France à la Nouvelle-Zélande. Nous nous rendîmes dans un hôtel situé à proximité de la marina pour encourager les "petits". Même si la prestation des français pour arriver à ce stade de la compétition avait été un peu poussive, le captain était persuadé que les tricolores sortiraient le grand jeu pour cette finale. Et ce fut le cas, dominant outrageusement la deuxième mi-temps, rendant des Kiwis fatigués fébriles mais cela ne suffit pas et la France s'inclina d'un point… Mais si au vu de ce match la France méritait la victoire, sur l'ensemble de la compétition les néozélandais méritaient indiscutablement leur titre.

Le lendemain nous prîmes la direction du sud de l'île en traversant d'immenses champs de cannes à sucre qui recouvrent la plupart des plaines côtières. Nous nous rendîmes en premier lieu à Mahébourg située à l'extrémité sud-est de l'île à proximité de l'aéroport ; cette bourgade construite en 1803 fut longtemps la deuxième ville de l'île avant d'être désertée par ses habitants se réfugiant sur les hauts plateaux. Elle doit son nom à Mahé de la Bourdonnais et ses rues, dessinées par les colons français, portent toutes encore des noms français. Elle ne comporte plus aujourd'hui que 17 000 habitants.

Nous étions lundi, jour de marché; nous avons beaucoup aimé l'ambiance de celui-ci, très coloré et parfumé. La population y est très mélangée, avec une majorité d'hindous, des musulmans et bien sûr des chrétiens. Les étales étaient bien garnies entre autre de magnifiques fruits et légumes et nous pûmes y trouver des citrons verts pour la confection de notre apéritif préféré…

Le front de mer est également assez coquet ; on y aperçoit la minuscule île au Mouchoir Rouge. Nous poussâmes jusqu'à la Pointe des Régates où un monument commémoratif a été érigé en mémoire des combattants français et anglais qui se sont affrontés lors d'une bataille navale en 1810 et qui ont péri. Cette victoire française ne suffira toutefois pas pour conserver ce territoire.

Puis à la Pointe des Canons a été construit un théâtre de plein air couvert dans un site bien aménagé, à côté du monument célébrant l'abolition de l'esclavage en 1835.

Le lundi est aussi le jour du marché aux tissus situé un peu en retrait de la Pointe aux Canons. On y trouve en sus des tas de gadgets plus ou moins kitchs mais la visite vaut surtout pour l'ambiance.



Partant vers l'ouest, nous passerons à Blue Bay, face à l'île des Deux Cocos où Maryse fera son prélèvement de sable. Puis la route s'éloigne de la côte et nous nous arrêterons près de la Rivière des Anguilles pour visiter "La Vanille", un parc aménagé où l'on peut approcher un élevage de jeunes crocodiles qui finiront en sac à main mais aussi des monstres répartis entre crocodiles, alligators et caïmans. Là aussi nous aurons droit à des tortues géantes des Seychelles.

La route rejoint ensuite la côte à Souillac, village de pêcheurs, où nous nous arrêtâmes pour voir la plage du Gris Gris bordée par la Roche qui Pleure, petit cap battu par l'océan qui constitue le point le plus austral de l'île.

Plus loin, nous descendîmes à la plage des galets, face à l'îlot Sancho dans la baie du Jacotet, très bel endroit où un prélèvement de sable est également de rigueur. Le bord de la petite plage en arc de cercle parfait protégée par un récif de corail est couvert de filaos, ces pins aux aiguilles fines et retombantes leur donnant un air aérien et gracieux.

Après avoir passé la Baie du Cap, nous nous arrêtâmes à la Pointe Corail de la Prairie située au sud du morne Brabant. Il s'agit d'une grande étendue de sable et d'herbe un peu jaune car nous sommes en fin de saison sèche. De là, on aperçoit le sud de la presqu'île du morne Brabant culminant à 558 mètres, énorme promontoire dominant l'océan.

Nous atteindrons ce dernier par son accès nord et pousserons jusqu'à son extrémité sud-ouest. C'est sur ce morne que se réfugièrent les "marrons", les esclaves en fuite au 18ème siècle. La péninsule est bordée de plages magnifiques que s'accaparent malheureusement de plus en plus les hôtels en construction ; la loi littorale française a vraiment du bon!

Avant de regagner le bord, nous voulions monter à Chamarel dans le parc national des gorges de la Rivière Noire pour visiter les terres de couleur, une curiosité naturelle rare ; malheureusement, à cette heure tardive le site était fermé et nous décidâmes d'y revenir le lendemain. Nous redescendîmes donc la route en lacets depuis Chamarel, admirant un beau coucher de soleil sur le morne Brabant et l'île aux Bénitiers. Le reste de la route se fit de nuit mais nous avions pu admirer le meilleur de l'île, cette côte sud et sud-ouest étant pour nous bien plus belle et qui plus est moins fréquentée que le nord vu deux jours plus tôt.

C'est donc le 25 octobre matin que nous reprenons la direction du sud-ouest pour monter dans le Parc National et atteindre Chamarel d'où l'on rejoint le site des terres de couleur. Après l'entrée, à mi chemin du site, un premier arrêt s'impose pour voir une belle cascade se déverser dans une profonde ravine. Puis, reprenant le véhicule, nous arrivâmes enfin au site tant convoité.

Le spectacle est étonnant ; sur une surface d'environ 5000 m2, des mini dunes bien arrondies reflètent des nuances de couleurs chatoyantes allant du jaune à l'ocre en passant par l'orange, le brun et même le mauve. Ce phénomène unique au monde, paraît-il, est dû au résultat de l'hydrolyse qui a lessivé les éléments solubles, laissant une forte concentration de fer et d'aluminium dont les différents oxydes donnent ces nuances de couleurs.

En quittant le site, plutôt que de revenir sur nos pas, nous continuâmes la route des crêtes s'enfonçant dans le parc pour rejoindre les villes du centre ; sur la route nous nous arrêterons à un magnifique point de vue sur les gorges de la Rivière Noire, puis au bord de la Mare au Vacoas qui porte mal son nom car il s'agit plutôt d'un lac bordé d'une terre rouge rappelant un peu l'Australie!

Puis, arrivés dans la zone urbaine, nous recherchâmes à Phoenix un dernier atelier de maquettes dont l'adresse était conseillée dans notre guide. On tourna longtemps en rond avant de trouver l'entreprise rachetée par un allemand qui exporte la totalité de sa production dans son magasin de Düsseldorf. Après réflexion intense, le captain décida alors de retourner dans le premier magasin visité et de faire… une folie. A tel point qu'une fois emballée, la dite maquette ne pouvait rentrer dans le bateau et qu'il va falloir l'expédier par avion… Le rabais arraché de haute lutte va donc être englouti dans le transport et la TVA.



Le lendemain était notre dernier jour à Maurice ; le matin fut consacré au repos et à la rédaction du site, et l'après-midi à déambuler dans Port Louis. Une fois sortis du moderne water front où l'on trouve néanmoins un moulin à vent un peu anachronique à cet endroit, la ville est plus contrastée ; quelques rares maisons coloniales côtoient des tours de bureaux modernes et des édifices chinois.

La cathédrale, fermée, est d'une tristesse absolue, dominée par le fort Adélaïde perché sur la citadelle. Sur la place d'armes trône bien évidemment la statue de Mahé de la Bourdonnais dont une réplique a été offerte à la ville de Saint-Malo en 1989 à l'occasion du 250ème anniversaire de la fondation de Port Louis.


Les bâtiments gouvernementaux sont d'une rare modestie alors que le plus beau bâtiment qui nous ait été donné de voir est sans nul doute le musée d'histoire naturelle. Mais les banques ont aussi de très beaux bâtiments !

Le lendemain 27 octobre, après les formalités de sortie, nous larguions les amarres, direction l'île de la Réunion située à quelques 140 milles dans le sud-ouest.

Retour haut de page