OLYMPE AUTOUR DU MONDE

ARCHIPEL DE MADERE

C'est le mercredi 27 août 2008 que nous abordâmes l'archipel de Madère par son île la plus nord, l'île de Porto Santo. Nous y resterons trois jours avant de rejoindre l'île principale, Grande Madère, située à environ 40 Km au sud-ouest de Porto Santo.

Un peu de géographie

L'archipel de Madère comporte trois groupes d'îles distincts : les deux îles principales, Porto Santo et Grande Madère, les seules habitées et situées en latitude à hauteur de Casablanca, les îles Desertas au nombre de trois, situées environ à 10 milles de la pointe sud-est de Grande Madère, constituant une zone protégée pour la faune sauvage comprenant entre autre une colonie de phoques moines, et enfin les îles Selvagens (Sauvages) à 155 milles au sud de Madère, tout près des îles Canaries, constituant également une réserve naturelle interdite d'accès sans autorisation.

Bien que d'origine volcanique il y a quelques 20 millions d'années, les deux îles principales sont très différentes; Porto Santo, la petite (7000 habitants, 11 km de long sur 6 km de large) culminant à 516 mètres d'altitude, possède un climat aride; on raconte que les lapins introduits par les premiers colons auraient décimé toute la végétation de l'île; mais il nous semble que si le climat s'y prêtait, elle aurait eu largement le temps de repousser depuis! L'île possède néanmoins une magnifique plage de sable doré de 9 km de long constituant une curiosité géologique compte tenu de l'origine volcanique de l'île; c'est aussi la seule plage de tout l'archipel.

A l'inverse, Grande Madère, la plus importante (275 000 habitants, 57 km de long par 22 km de large), culmine à 1861 mètres ce qui lui permet de recueillir les précipitations des perturbations atlantiques venant du nord, le travail d'irrigation de la côte sud par les colons ayant fait le reste (mais nous y reviendrons). Elle est ainsi constituée de vallées profondes et de pics vertigineux et possède une flore exceptionnelle avec de nombreuses espèces endémiques.

Un peu d'histoire

On attribue souvent la découverte de ces îles à deux navigateurs portugais, Zarco et Teixeira, en 1418 après qu'une violente tempête les ait déportés sous le vent d'une île salvatrice inconnue qu'ils auraient alors appelée Porto Santo (Port Saint); ayant aperçu au loin une autre côte (celle de Grande Madère) et comprenant l'intérêt d'une telle base dans l'Atlantique pour les marins le traversant, Zarco y serait revenu l'année suivante avec l'ordre de coloniser ces terres.

En fait, ces îles sont déjà mentionnées dans "l'Histoire Naturelle" de Pline l'Ancien (23-79) et Madère apparaît sur une carte des Médicis en 1351 sous le nom d'Isola de Lolegname (île boisée); elles étaient sans doute également connues des arabes depuis plusieurs siècles.

La colonisation effective de Grande Madère commença en 1420; Zarco créa la ville de Funchal devenue la capitale de l'île. La canne à sucre  fut introduite à Madère  qui devint pendant 150 ans le premier producteur de sucre d'Europe jusqu'à ce que le sucre ne déferle du Brésil et des Antilles; c'est d'ailleurs à l'occasion d'un voyage en 1478 concernant une cargaison de sucre que le futur célèbre Christophe Colomb fit un séjour à Porto Santo; il y rencontra la fille du gouverneur, l'épousa et résida sur l'île jusqu'en 1480.

Le vin typique de Madère, doux et parfumé, remplaça le sucre dans l'économie des îles. Suite à une alliance entre Charles II d'Angleterre et la princesse portugaise Catherine de Bragance en 1622, le commerce du vin passa sous le contrôle de négociants britanniques!

Au cours de l'histoire, les deux îles connurent diverses péripéties : ce fut d'abord des attaques de pirates français au 16ème siècle puis la domination espagnole entre 1581 et 1640 après l'invasion et l'occupation du Portugal par les troupes espagnoles; enfin, l'intérêt des britanniques pour ces îles et leur vin délicieux forgea des liens étroits entre les monarchies; l'éternel capitaine Cook que l'on retrouve décidément partout y débarqua par deux fois pour protéger l'île des français (mais de quoi je me mêle!)

Le tourisme commença à se développer à la fin du  19ème siècle avant de devenir la première ressource des îles aujourd'hui. C'est lors de la révolution des œillets, en 1974, que les îles, devenues la partie la plus pauvre d'Europe, obtinrent leur statut de province autonome à l'exception des trois domaines régaliens de la fiscalité, de la défense et de la politique étrangère.

Nous verrons lors de nos visites que l'appartenance à la communauté européenne a réellement boosté, sinon l'économie, au moins les infrastructures.

Nos visites

 28 et 29 août, Porto Santo

Après une première nuit sans quart, donc bien réparatrice, et une petite grasse matinée, nous partîmes sac au dos en début d'après-midi découvrir la petite ville de Vila Baleira qui joue le rôle pompeux de capitale de Porto Santo et qui est située à environ deux kilomètres de la seule marina de l'île. Ce qui frappe au premier coup d'œil et que nous avions remarqué la veille en nous approchant de l'île, c'est son aridité et les couleurs ocre et marron virant au noir de ses roches et de ses falaises. La végétation y semble absente, à l'exception toutefois de celle qui a été générée par la main de l'homme pour agrémenter son cadre de vie, notamment dans le centre de Vila Baleira.

En fait, la marina est située à l'extrémité sud-est de l'île et de sa très belle plage de sable doré que nous longeons par la route côtière bordée de tamaris dont la floraison était malheureusement terminée. La ville est d'abords agréables, constituée d'une majorité de bâtiments et de maisons blanches bordant des ruelles étroites mais propres et fleuries; au hasard de nos flâneries, nous passerons devant la maison où aurait habité Christophe Colomb lors de son séjour sur l'île, devenue aujourd'hui un musée qui lui est consacré.

Une effervescence règne ce jour dans la ville : des préposés municipaux décorent les places et les ruelles attenantes de guirlandes électriques fleuries pour la prochaine fête du "bom Jesus" qui a lieu chaque premier dimanche de septembre.

Nous remarquons que la petite place du village à côté de l'église est une zone wi-fi; nous y reviendrons donc pour tester cette connexion moderne, récupérer nos courriers et envoyer nos premiers mails.

De nombreux cafés bordent cette place ombragée ainsi que le front de mer agrémenté d'une estacade très prisée des promeneurs et des jeunes qui viennent plonger dans l'océan. Mais il faut bien reconnaître que l'on fait rapidement le tour de cette petite ville; la première impression qui s'en dégage est une douceur de vivre agrémentée d'un climat tempéré toute l'année : 25°C maximum l'été, 17°C minimum l'hiver. On voit beaucoup de maisons récentes aux abords de la bourgade d'une architecture plutôt réussie, loin de l'image que l'on se faisait du Portugal et de cette province en particulier.

Le lendemain matin, avec Michel, nous étrennerons les deux vélos pliants pour revenir à Vila Baleira munis du PC portable pour nous connecter sur le web; la connexion ne posera d'ailleurs aucun problème, nous pourrons récupérer nos mails mais le captain découvrira un problème nouveau avec Outlook Express qui ne pourra adresser de courrier à d'autres adresses qu'Orange ou Wanadoo : erreur 554, les connaisseurs apprécieront mais à l'heure de la rédaction de ces lignes le problème n'est toujours pas réglé!

L'après-midi le captain fait voter le but de la promenade de la demi-journée : longue et plate pour rejoindre la pointe sud-ouest de l'île, Ponta da Calheta, ou courte mais élevée pour gravir le Pico de Castelo à 437 mètres d'altitude; à l'unanimité les dames du bord voteront pour la longue et plate avec retour par la plage!

L'aller se fera en longeant la route côtière, repassant une nouvelle fois par Via Baleira (on commence à connaître) sous un soleil de plomb aggravé par la réverbération du bitume. Ce que nous n'avions pas prévu, c'est l'important trafic  sur cette route générant un bruit de civilisation qui devint vite insupportable; mais nous sommes en démocratie et le captain se gardera de tout commentaire sur le choix de la ballade!

On constatera que là aussi les promoteurs immobiliers commencent à sévir le long de la côte! De nombreux programmes, des lotissements de maisons individuelles de vacances en passant par des résidences collectives, sont en cours de construction ou d'achèvement à l'ouest de Vila Baleira. Dieu merci, la taille de ces constructions reste à taille humaine et l'architecture est plutôt recherchée et réussie; en outre, nous nous apercevrons au retour par la plage que ces constructions restent pratiquement invisibles de la mer car nichées au fonds des dunes.

Au bout de 2h30 de marche nous atteignîmes enfin la Ponta de Calheta à l'extrémité sud-ouest de l'île et de sa plage. Le point de vue est assez joli avec en face un gros îlot rocheux, l'Ilheu de Baixo, à droite la vue sur la côte sud-ouest remontant vers le nord et, en perspective, les 9 km de plage que nous emprunterons au retour jusqu'à la marina.

Nous sommes surpris par le nombre de vacanciers présents tant sur la pointe que sur toute la longueur de la plage : il y a manifestement plus de monde que d'habitants dans l'île. L'eau est transparente et délicieusement tiède : seule Martine avait eu la présence d'esprit d'emmener son maillot de bain et se régala manifestement de son initiative.

Au retour, le captain décidément têtu (on n'est pas breton pour rien) s'arrêtera à nouveau à Vila Baleira pour regagner son coin wi-fi préféré (eh oui, il avait emporté son PC dans son sac à dos!) pour tenter de résoudre l'erreur 554 avec l'aide des internautes de Google et d'une bière bien fraîche. Par solidarité masculine Michel restera avec lui tandis que Martine et Maryse (le couple surnommé Marmar) regagneront le bord pour préparer le festin du soir. Ce n'est qu'à plus de 22 h que les hommes fourbus et bredouilles les rejoindront pour l'apéritif d'abord, le dîner ensuite.

Les visites des hauteurs n'intéressant vraiment pas ces dames, nous déciderons de quitter l'île le lendemain pour nous rendre sur Grande Madère.

30 août - 12 septembre, Grande Madère

C'est par un vent léger que nous parcourrons les 30 milles séparant la marina de Porto Santo à celle de Quinta do Lorde située à l'extrémité est de Madère, derrière la Ponta de Sao Lourenço; à l'approche de cette dernière, comme à son habitude, le captain appellera par VHF la marina pour prévenir de notre arrivée et demander si une place peut nous être allouée; et comme d'habitude, pas de réponse! C'est à se demander si les marinas connaissent ce moyen de communication pourtant officiel sur la mer. Pas de réponse mais nous aurons tout de même été entendus puisqu'à un demi mille de la marina un représentant de celle-ci nous rejoindra avec son gros Zodiac pour nous guider jusqu'à notre place. Et là, c'est avec une grande gentillesse et un grand professionnalisme que nous avons été accueillis.

Cette marina est quasiment neuve et bien équipée avec eau et électricité, des sanitaires et des douches dignes d'un cinq étoiles mais sans infrastructures de chantier ni shipchandler. Elle est en outre loin de tout, nécessitant la location d'une voiture pour être autonomes. De toute façon, compte tenu de la taille de l'île, on ne pouvait difficilement se passer de ce moyen de locomotion et, dès le lendemain matin dimanche, le personnel de la marina nous faisait livrer notre voiture.

Les choses sérieuses pouvaient commencer car Madère recèle des multitudes de trésors naturels à visiter; comme Michel et Martine désiraient regagner Lyon le jeudi suivant, il n'y avait pas de temps à perdre.

Le dimanche fut consacré à la visite de la partie est de l'île; au programme :

 Santo Antonio da Serra avec son marché typique où tous les petits producteurs des environs viennent vendre leurs fruits et légumes; nous en profiterons pour faire le plein de produits frais et nous régaler plus tard, entre autre, des merveilleuses tomates mûries sur pied et tellement sucrées qu'elles méritent parfaitement leur statut de fruit. C'est sur ce haut plateau que les riches marchands britanniques édifièrent des résidences de villégiature; l'un des domaines de la famille Blandy est maintenant un magnifique parc public où l'on s'est promené parmi les eucalyptus géants et les allées bordées d'Hortensias et d'Agapanthes qui poussent sur cette île comme du chiendent chez nous.

Portela, pour une pose déjeuner dans un petit restaurant en forme de chalet de montagne où nous avons dégusté de délicieuses brochettes géantes de bœuf. A l'extérieur, au carrefour de plusieurs chemins de randonnées, des marchands de fleurs proposaient toute la gamme de la flore locale : agapanthes, hibiscus, strelitzias et autres orchidées à profusion; Martine en profitera, au grand désespoir de Michel, pour acheter 4 pieds d'agapanthe pour la modique somme de 1 euro.

Camacha, capitale de la vannerie de l'île, est aussi l'endroit où eu lieu le premier match de football du Portugal en 1875 organisé par un jeune anglais; un monument commémore l'événement! C'est aussi là que nous avons assisté à un spectacle de choix, celui de la préparation de la procession donnée en l'honneur du Bon Seigneur; des dizaines d'habitants des environs ont débarqué avec d'immenses sacs de mousse et de fleurs coupées pour réaliser en quelques heures une plate bande continue de fleurs au centre de la route que devait emprunter la dite procession. Le spectacle était vraiment exceptionnel, tant par la dextérité des artistes que par la qualité du résultat obtenu.

Sur la route du retour, nous nous arrêtâmes à la pointe de Garajau où une copie en miniature du célèbre christ de Rio de Janeiro (le Corcovado) se dresse sur un promontoire rocheux dominant la mer, ainsi qu'à Santa Cruz, charmante petite ville balnéaire de caractère.

Le lundi fut consacré au centre de l'île; direction Funchal avant de prendre la direction du Pico de Arieiro; quelle ne fut pas notre surprise d'emprunter une voie rapide partant de Caniçal jusqu'à Funchal (elle se poursuit d'ailleurs après jusqu'à Ribeira Brava), constituée d'une succession ininterrompue de tunnels (dont certains dépassent les 2 kilomètres) et de viaducs enjambant des vallées profondes avec une vue imprenable sur l'océan. En outre, chaque village ainsi que la capitale Funchal semble s'étendre rapidement avec leurs constructions de maisons neuves sur tous les versants disponibles, souvent en des endroits que l'on a du mal à croire accessibles. Manifestement, depuis une dizaine d'années, un boom économique sans doute soutenu par des subventions européennes est en train de transformer le paysage de l'île. Le nombre de grues aperçues en est un bon révélateur.

Mais revenons au tourisme; le programme de cette journée fut respectivement :

La montée au Pico de Arieiro, troisième sommet de Madère culminant à 1810 mètres. On y monte depuis Funchal, au niveau de la mer, en à peine 30 km! La montée est magnifique, empruntant une très belle route en lacets bordée d'hortensias d'un côté, d'agapanthes de l'autre; puis, en fonction de l'altitude, nous traversons d'abord une magnifique forêt d'eucalyptus géants dégageant une merveilleuse odeur, puis, peu à peu, elle laisse place aux conifères avant que la végétation ne s'espace puis disparaisse sur les 300 derniers mètres d'altitude. Nous voici au dessus des nuages avec une très belle vue à 360°, notamment vers le sud où nous apercevons au loin les îles Desertas. C'est sans nul doute un des points forts de notre séjour.

A la descente, nous obliquerons vers le nord en direction de Ribeiro Frio, "la rivière froide", située dans une profonde vallée où l'on trouve un centre de pisciculture; pose déjeuner dans un restaurant … de brochettes géantes puis promenade à pied le long d'une levada jusqu'au point de vue grandiose de Balcoes.

Les levada (conduire en portugais) sont des conduits d'irrigation construits par les premiers colons et leurs esclaves venus d'Afrique dès le 16ème siècle; elles sont constituées d'un caniveau en pierre cimenté d'environ 50 cm de large sur 80 cm de profondeur; elles descendent en pente douce depuis les hauteurs gorgées d'eau pour irriguer les cultures en terrasse du sud, essentiellement céréales, bananes et canne à sucre, empruntant parfois des aqueducs ou des tunnels. Pour leur entretien, un chemin les suit sur toute leur longueur constituant des chemins de randonnées dont le réseau compte environ 2200 km! Ce réseau représente un travail colossal démontrant le courage et la ténacité des premiers arrivants. Le long de ces chemins il n'est pas rare de rencontrer des artisans proposant leurs bonnets de laine ou leurs cuillères en bois.

Après cette promenade digestive, cap sur la ville de Santana au nord où l'on peut trouver encore quelques maisons triangulaires typiques de Madère; en fait, deux de ces maisons semblent avoir été restaurées pour les touristes!

Retour par Faial d'où l'on peut apercevoir de la route un point de vue superbe sur la penha de Aguia (rocher de l'aigle) haute de 590 m puis retour par une nouvelle route coupant par ses tunnels l'est de l'île.

Après ces deux journées de route, le mardi fut consacré à la visite de la capitale Funchal :

Nous commençâmes par le jardin botanique situé sur une colline au nord-est de la ville; début septembre n'est sans doute pas la meilleure saison pour le visiter (beaucoup de plantes sont arrivées en fin de floraison) mais on se rend bien compte toutefois de la variété et de la richesse de la flore de l'île. Nous avons seulement regretté que Marie-Paule ne nous ait pas accompagnés, elle aurait pu nous décrire sans doute, et avec leur nom scientifique, les différentes espèces rencontrées!

Dans le centre ville, nous avons fait une halte au marcado dos Lavradores, marché couvert sur plusieurs niveaux, où l'on retrouve toutes les spécialités de l'île dont les bananes miniatures particulièrement succulentes.

Après le déjeuner pris à la terrasse d'un restaurant du bord de mer, nous avons visité la cathédrale (un peu décevante à notre goût), la place do Municipio avec l'hôtel de ville, le collège jésuite et son église. Partout des marchands de fleurs exposent leurs produits colorés sur leurs étals.

Nous terminerons la journée en remontant la rue Carreira, petite rue étroite rappelant les rues typiques de Lisbonne avec les immeubles aux volets verts et aux balcons en fer forgé qui valut autrefois à Funchal le surnom de Petite Lisbonne.

Le mercredi fut le dernier jour de visite avec Martine et Michel; la journée fut bien remplie car nous avions décidé de visiter l'ouest de l'île, c'est-à-dire la partie opposée à la marina.

Première halte à Ribeira Brava sur la côte sud à l'ouest de Funchal. Rien d'extraordinaire à en dire, à se demander pourquoi autant de cars de touristes s'y arrêtent! Nous ferons l'impasse sur le musée ethnographique de la ville.

Puis nous traverserons l'île de part en part vers le nord par l'ancienne route passant par Serra de Agua afin d'admirer le paysage, toujours autant tourmenté et grandiose, pour arriver au charmant village de Sao Vincente où Maryse a eu le coup de foudre pour les chaussures qu'elle portera au mariage de Pierre en août 2009! On ne sera pas venu pour rien!

De Sao Vincente, nous prendrons l'ancienne route du littoral accrochée à flanc de falaise surplombant l'océan (personnes soumises au vertige s'abstenir!) heureusement mise à sens unique depuis l'ouverture de la nouvelle route et ses incontournables tunnels. Direction Porto Moniz et ses piscines naturelles creusées par la mer dans les roches. Ce trajet fut également un grand moment de notre séjour.

Le retour nous fit passer par les plateaux de Ribeira de Janela et Paul da Serra, ligne de partage des eaux entre le nord et le sud de l'île, dépourvus de végétation mais creusés par la vallée de Rabaçal d'un vert profond, puis par le col d'Encumeada pour rejoindre Serra de Agua et revenir par la voie rapide le long de la côte sud. Un arrêt à Machico nous permettra de nous rafraîchir et de se connecter au réseau wi-fi de la ville sans toutefois trouver la solution de l'erreur 554!

Le jeudi fut consacré au repos matinal puis, en début d'après-midi, nous accompagnâmes nos amis Martine et Michel à l'aéroport d'où ils partirent pour Lyon via Lisbonne. Avec Maryse, nous nous sentions désormais bien seuls mais profitions de notre passage à l'aéroport pour prolonger le contrat de location de la voiture de deux jours supplémentaires.

Le vendredi 5 septembre, direction le Cabo Girao, cap de la plus haute falaise de Madère situé à l'ouest de Funchal; cette falaise serait la deuxième plus haute du monde sans savoir pour autant où se situe la première! Elle culmine à 580 m à pic au dessus du niveau de la mer; la photo ne rend pas bien compte de la perspective mais le captain, sujet au vertige dès qu'il monte sur un escabeau, peut vous affirmer que c'est réellement impressionnant!

Puis nous retournâmes à Funchal pour le restant de la journée : au programme, le nord de la rue Carreira avec l'église San Pedro, le principal édifice religieux avant la construction de la cathédrale, comportant une décoration en bois doré du 17ème siècle, le musée municipal et son ravissant jardin de plantes aromatiques et le couvent de Santa Clara abritant la tombe de Zarco et de sa famille qu'une guide expéditive nous fit visiter au pas de course!

De retour dans le quartier de la cathédrale, nous fîmes un arrêt à l'Adegas de Sao Francisco (le chais de St François), établissement appartenant à la famille Blandy déjà citée et réputé pour ses vins de Madère; après une rapide dégustation, nous choisirons deux bouteilles , demi sec et demi doux.

Ce fut ensuite une petite session internet sur le quai de la marina de Funchal, histoire de ne pas perdre la main avec l'erreur 554, puis un dîner dans un restaurant de la rue Santa Maria au son du fado interprété par plusieurs chanteurs mais dont la vedette était incontestablement un jeune guitariste prodige.

Samedi 6 septembre fut consacré à une visite de Curral das Freiras (le refuge des religieuses), vallée en forme de cratère située quasiment au centre de l'île où se réfugièrent en 1566 les sœurs Clarisses du couvent Santa Clara (visité la veille) lors d'une attaque de pirates. En fait, c'est au miradouro de Eira de Serrado que la vue est la plus époustouflante; là aussi il vaut mieux ne pas être sujet au vertige; c'est assurément, avec le Pico de Arieiro et la route entre Sao Vincente et Porto Moniz, les trois meilleurs souvenirs du séjour.

Un petit retour sur le quai de la marina de Funchal pour retrouver l'erreur 554 préférée du captain et la journée se termina à bord pour un repos bien mérité après une semaine bien remplie.

Dimanche 7 septembre, journée "bullage" au cours de laquelle Maryse fabriquera notre premier pain du bord, d'ailleurs très réussi, et où le captain s'évertuera toute la matinée à faire démarrer le moteur HB de l'annexe sans succès (un moteur tout neuf qui n'a servi que deux fois!); inutile de dire que le captain n'était pas à prendre avec des pincettes. Cela lui a donné tellement chaud qu'il n'a pu s'empêcher de piquer une tête dans la marina pour confirmer que l'eau y est bien plus chaude qu'en Bretagne. Accessoirement, cela l'a calmé un peu!

Lundi 8, rebullage en essayant de trouver un technicien capable de venir à bout de cette machine infernale; évidemment, pas de concessionnaire Tohatsu sur l'île. C'est toutefois décidé, demain nous partirons pour Funchal où nous mouillerons devant le port, celui-ci étant complet. A défaut de se faire les muscles en tirant sur le démarreur, le captain se les fera en ramant! Il nous reste encore quelques lieux à visiter avant le départ pour Agadir prévu le 12 septembre.

Mardi 9, trajet sans encombre de Quinta do Lorde à la baie de Funchal où nous mouillons entre 4 bateaux français, 2 suédois, 1 norvégien et 2 britanniques. Eh bien non, le captain ne se fera pas les muscles en ramant! Sans illusion, il a monté le vieux moteur Evinrude de 4 cv en lieu et place du flambant neuf Tohatsu : il a démarré presque au quart de tour! Nous ferons un rapide aller-retour à la marina pour s'apercevoir que ses bureaux, comme ceux du GNR pour les formalités, étaient déjà fermés.

Mercredi matin, après avoir accompli les formalités d'arrivée, nous prenons le téléphérique pour nous rendre à Monte, petit village de la banlieue nord de Funchal situé à plus de 500 m d'altitude; nous visitons Notre Dame de Monte qui domine la baie de Funchal et dont les fidèles, chaque fête de l'Assomption, gravissent à genoux les 74 marches d'accès. Cette église renferme en outre le tombeau de Charles 1er arrivé en exil à Madère après la défaite de l'Autriche en 1918.

La place de la Fontaine est un havre de paix où l'on se croirait à mille lieux de l'agitation urbaine de la capitale. De là, on accède au magnifique parc municipal de 7 hectares planté des espèces les plus représentatives de l'île puis on retourne au pied de l'église en passant par le jardin de la Quinta do Monte, ravissante demeure aujourd'hui convertie en hôtel de charme. Pour le retour à Funchal, nous n'empruntâmes ni le téléphérique ni les fameux toboggans (traîneaux en osier avec patins en bois) que des carreiros conduisent de main de maître en dévalant les pentes des ruelles mais, pris d'un courage bien téméraire et inconscient, nous décidâmes de redescendre à pied au grand dam de nos "vieilles" articulations et de nos mollets!!!

Le jeudi 11 devant être notre dernière journée à Madère, nous nous occuperons de l'avitaillement et préviendrons famille et amis de notre départ le lendemain matin pour Agadir.

C'était sans compter avec Eole qui en décida autrement en se levant brutalement en fin d'après-midi : il fallut alors surveiller le mouillage, quelques bateaux dérapant leur ancre. La nuit fut particulièrement agitée et, si notre ancre tint le choc, c'est l'annexe qui se détacha du bateau, constat consternant fait à 4h du matin!

Dans notre malheur, nous avons eu la chance que le vent souffl en direction du port et, après quelques péripéties, nous pûmes la retrouver le lendemain matin au fin fond du port de commerce amarrée à un cargo ressemblant plus à un tas de rouille qu'à un bateau. Nous en serons quitte pour une petite réparation d'un boudin que le ragage avait détérioré.

C'est donc le 13 au matin que nous levons l'ancre pour de nouvelles aventures en laissant derrière nous le souvenir d'une île enchanteresse.

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