OLYMPE AUTOUR DU MONDE

ÎLES DE LA SOCIETE (1)

Les îles de la Société constituent le territoire le plus occidental de la Polynésie française de même que la partie de loin la plus peuplée : environ 160 000 habitants sur les 220 000 que compte l'ensemble de la Polynésie. Elles s'étendent sur environ 400 milles nautiques (720 kilomètres). Ce sont essentiellement des îles hautes, d'origine volcanique, entourées d'un lagon partiellement navigable constituant des abris naturels accueillants. Comme sur l'ensemble de la Polynésie française, plus aucun volcan n'est en activité depuis plusieurs millénaires.

Elles sont administrativement et géographiquement divisées en deux groupes :

  • Les îles du vent comprenant Tahiti, Moorea, Tetiaroa (l'île privée qui appartenait à Marlon Brando), Maiao et Mehetia qui, comme leur nom l'indique, se trouvent les plus à l'est de l'archipel et reçoivent donc en premier les alizés,
  • Les îles sous le vent, situées à une centaine de milles plus à l'ouest, comprenant principalement Huahine, Raïatea et Tahaa (îles jumelles situées dans le même lagon), Bora-Bora et Maupiti; quelques atolls dispersés et peu habités se trouvent encore plus à l'ouest : Tupai, Scilly, Bellinghausen et Mopelia.

Après nos escales enchantées aux Marquises, îles hautes et escarpées, et aux Tuamotu aux lagons inoubliables, il fallait donc s'attendre à la quintessence de ce qui peut se faire de mieux en terme de paradis : des îles hautes au milieu de lagons!

Ce qui suit relate une première croisière partielle dans l'archipel faite avec nos amis Martine et Michel, du 8 juillet au 6 août 2009, avant notre premier retour en France. La découverte de ces îles sera approfondie et complétée plus tard, avant notre départ pour les îles Cook et la Nouvelle Zélande. Ce petit mois nous aura ainsi permis de visiter rapidement Bora-Bora, Huahine et Tahiti.

BORA-BORA

Cette île fut découverte en 1769 par le capitaine Cook qui y revint à plusieurs reprises en 1777. Elle fut rattachée à la France en 1888 et a dû sa notoriété aux descriptions qu'en a faite le navigateur français Alain Gerbault qui y repose, ainsi qu'à la construction du premier aéroport en Polynésie par l'US Army en 1942 lors de la guerre du Pacifique contre le Japon.

C'est après exactement deux jours de mer calme que nous rejoignîmes depuis Rangiroa la plus mythique des îles de Polynésie, celle que l'on nomme la Perle du Pacifique, Bora-Bora. Rien que son nom a fait rêver des générations de marins et de touristes en mal d'exotisme! Bien que l'océan fut très calme, la houle légère provoquait tout de même de beaux rouleaux sur la barrière de corail; heureusement, la passe large et profonde est praticable par presque tous les temps.

Dès la passe franchie, nous pourrons voir sur tribord, au nord du motu Toopua, les installations d'un hôtel typique des lieux avec ses bungalows sur pilotis. Après avoir mouillé à quelques encablures du village de Vaitape, nous mîmes l'annexe à l'eau pour fouler cette terre promise en abordant l'un des quais réservés aux navettes de l'aéroport et des hôtels. La première impression n'est pas enthousiasmante : le village est constitué d'une rue principale où la circulation des véhicules surprend dans un tel endroit; banques, magasins de souvenirs très kitch et joailliers commercialisant les perles noires de Tahiti sous toutes leurs formes constituent l'essentiel du paysage. Bienvenue aux touristes du monde entier! (La majorité étant américaine, japonaise, et européenne).

Nous essaierons de changer les dollars US qui nous restent de notre séjour au Panama. La première banque nous en dissuadera avec une franchise confondante, nous disant qu'elle prenait des commissions bien trop élevées; elle nous conseillera d'aller voir sa concurrente sur le trottoir d'en face. Celle-ci n'effectue pas de change à ses guichets : il faut utiliser une machine automatique située sur le trottoir dont l'écran est en plein soleil, donc illisible! Après quelques tentatives infructueuses, nous renoncerons à changer nos devises…

Bien sûr, les hommes perdront rapidement leurs femmes "égarées" dès le pied posé sur la terre ferme dans quelques boutiques de futilités diverses; l'esprit plus pratique, ils repèreront les petites superettes pour les réapprovisionnements du bord.

Mais nous sommes au mois de juillet qui est le mois des fêtes annuelles en Polynésie appelées Heiva; les meilleurs groupes de chants et de danses s'affrontent dans un concours qui verra les finalistes se produire à la fin du mois à Tahiti. Et ce soir là, il y a une représentation publique devant jury servant de qualification; bien entendu, nous reviendrons le soir assister à ce spectacle coloré. Pendant tout le mois, le long du quai du port, sont installées des guinguettes faites de bois et de bambous avec des toits en végétaux tressés du plus bel effet. Ce doit être un gros travail de préparation et il est bien dommage d'imaginer que ces constructions traditionnelles soient ensuite démolies.

Après être retournés au bateau et avoir dîné à bord, nous retournâmes donc de nuit en annexe assister au spectacle de danses et de chants traditionnels; dans la précipitation du départ, nous oublierons nos appareils photo! Chaque danse est sensée représenter soit des scènes de la vie quotidienne soit, le plus souvent, des histoires se rapportant à l'île ou à la vallée d'origine du groupe de danse.

Ces groupes peuvent être constitués d'une centaine de danseurs et danseuses que le règlement oblige à n'être habillés qu'avec des matières végétales. Feuilles de cocotiers, couronnes de fleurs, filasse de coco et autres accessoires dans des couleurs vives et harmonieuses constituent ainsi la base des costumes du plus bel effet.

Le spectacle avait lieu en plein air et était ouvert à tous; notre impatience était à son comble quand, avant chaque groupe, un présentateur se croyait obligé d'expliquer l'histoire qu'allait représenter la danse : et elles étaient vraiment très longues et … racontées en français, en anglais et en polynésien! De plus, l'explication dans cette dernière langue, très compliquée, devait bien durer deux fois plus longtemps! Bref, ça n'en finissait plus.

Mais notre patience fut récompensée car l'harmonie des danses et de la musique polynésienne, de la beauté des costumes et des couleurs ainsi que des chorégraphies nous ont enchantés. Certes, ce n'étaient encore que des qualifications et certains groupes n'étaient peut-être pas encore au summum de leur art, mais Michel et le captain se régalèrent d'admirer l'aisance du balancement, pour ne pas dire du frétillement, de l'arrière train des belles vahinés tandis que Martine et Maryse étaient, elles, plus sensibles à la souplesse et la musculature des polynésiens…

Le lendemain matin fut consacré aux approvisionnements du bord et au dépôt de notre linge dans une laverie avant d'entamer un tour du lagon en bateau. Le tour complet n'est cependant pas possible, car au sud de l'île le plateau corallien remonte et ne laisse que quelques dizaines de centimètres de profondeur dans le lagon. Nous descendrons donc vers le sud, accompagnés par une pirogue qui se sera mise dans notre sillage, en longeant la baie de Povai et mouillerons face à la pointe Raititi devant les installations d'un des plus vieux hôtels, l'hôtel Bora-Bora : vous aurez apprécié l'originalité du nom!

Nous serons, jusqu'au lendemain, en compagnie de deux autres voiliers seulement sur les eaux calmes et translucides du lagon. Ayant mis l'annexe à l'eau, nous contournerons non sans mal le sud de l'île : même pour une annexe, il n'était pas toujours évident d'éviter les pâtés de corail! Nous admirerons dans la transparence de l'eau des raies pastenagues à la longue queue effilée; nous pourrons également constater de l'autre côté de la pointe Matira, la plus sud de l'île, que chaque bout de plage était "occupé" par les installations d' hôtels qui s'approprient ainsi une partie du littoral.

Avant de revenir, nous tenterons d'ailleurs d'aborder la plage de l'hôtel Bora-Bora qui ne semblait pas surchargé et pour cause : il était en réfection et à peine avait-on mis le pied sur le sable qu'un vigile vint nous expliquer, contre toute réglementation, que nous n'avions rien à faire à cet endroit mais que nous pouvions nous baigner au large de la plage! Charmant, mais les polynésiens ne sont-ils pas en train de perdre leur âme en bradant ainsi leur île à des fonds de pension américains? Il est déjà bien tard, une dizaine de ces hôtels s'étant construit au cours des dix dernières années, tous sur le même modèle et vieillissant assez mal d'ailleurs.

La soirée fut de celles qui ne vous font pas regretter d'avoir entamé un tel voyage : extrême douceur du climat, eau calme aux dégradés de bleus incomparables, paysage de rêve et vision de carte postale d'une pirogue locale dans le soleil couchant, le tout accompagné d'une petite caïpirinha bien glacée! On ne peut alors s'empêcher d'avoir une pensée émue pour ceux qui, à l'autre bout du monde, sont en train de se lever pour aller travailler…

Après une nuit calme et un bon petit déjeuner comme Michel en a le secret, nous reprîmes l'annexe pour aller plonger au sud du motu Toopua et admirer les coraux et les myriades de poissons multicolores. On ne se lasse pas du spectacle et Maryse est maintenant parfaitement à l'aise… tant qu'il n'y a pas trop d'eau! Puis nous retournerons à Vaitape faire du gazole et récupérer notre linge en longeant la côte ouest du motu Toopua, culminant à une centaine de mètres, entre ce dernier et la barrière de corail.

Nous quitterons ensuite aussitôt le village pour remonter la côte ouest de l'île principale et aller mouiller pour le déjeuner devant une plage de l'îlot Teveiroa situé face à la grande baie de Faanui au nord-ouest de l'île. Nous n'y resterons pas longtemps car, au programme de l'après-midi, nous avions prévu de contourner le nord et l'est de l'île pour passer la nuit derrière l'extrémité sud-est de la barrière de corail, pas très loin d'où nous étions allés en annexe la veille; mais pour ce faire, il fallait par endroit faire du slalom dans un chenal très étroit et tortueux : le chenal est, aussi appelé route des motu, quelques mètres de large, 30 centimètres sous la quille et des courants traversiers, le tout bordé de hauts-fonds agressifs. Donc pas question de tenter l'aventure à la nuit tombante. Avec de l'attention, ce fut tout de même moins scabreux que ne le laissait supposer les cartes marines et, vers 16h30, nous mouillâmes dans la baie Taurere à environ 400 mètres de la plage car les fonds remontaient vite à cet endroit. Du mouillage, nous pouvions admirer le cratère sous l'angle le plus spectaculaire.

Au cours de cette descente du lagon, nous aurons encore aperçu de nombreuses installations hôtelières dont celles du Méridien et celles du Club Méd. Bora-Bora île dortoir? Nous eûmes tout de même le temps d'aller sur la plage en annexe avant la tombée de la nuit, histoire de ramener un peu de sable corallien pour la collection de Maryse.

Le lendemain matin, nous partîmes en annexe pour plonger au sud du motu Taurere, où, paraît-il, existe un véritable jardin sous-marin; mais le courant y était si violent qu'il était tout à fait impossible de tenter la moindre plongée. Sur les conseils d'un pêcheur local, nous nous rendîmes entre les motu Pitiuu Uta et Pitiuu Tai où nous pûmes admirer une nouvelle fois un aquarium naturel.

Après déjeuner, nous repartîmes faire le tour de l'île en sens inverse pour mouiller une dernière fois à proximité du village de Vaitape où nous dînerons le soir dans une des guinguettes du bord de l'eau d'un délicieux mahi mahi (dorade coryphène) sauce vanille. Après quatre jours passés à Bora-Bora, nous avions décidé de quitter cet univers certes beau mais par trop touristique pour consacrer plus de temps sur l'île suivante, l'île de Huahine.

Nous partîmes ainsi le lendemain matin, le dimanche 12 juillet, sous un ciel couvert et humide nous faisant admirer un splendide arc-en-ciel. Nous reviendrons cependant plus tard avec Maryse passer quelques jours pour, entre autre, faire le tour de l'île par la route côtière (32 kilomètres de tour seulement) et gravir le mont Otemanu, à 727 mètres d'altitude d'où l'on doit avoir une vue panoramique sur l'ensemble de cet atoll magnifique.

HUAHINE, la sauvage

Comme Bora-Bora, c'est le capitaine Cook qui découvrit cette île où il fit plusieurs voyages entre 1769 et 1777; l'île fut ensuite convertie au protestantisme par les missionnaires de la Société de Londres qui s'y installèrent à partir de 1808. Huahine fut la dernière des îles de la Société à être rattachée à la France en 1897 après une forte résistance, soit quarante année après Tahiti.

Huahine (littéralement "sexe de la femme" en polynésien) est en fait constituée de deux îles enchâssée dans un même lagon, reliées par un pont surplombant le chenal qui fait communiquer les baies de Port Bourayne et de Maroe. Il s'agit d'une île ancienne née de trois volcans distincts et dont le point culminant est le mont Turi à 669 mètres d'altitude. Les 6400 habitants de l'île, essentiellement ruraux, se répartissent dans les huit villages (quatre sur chaque île), Fare étant le village et le port principal. Les cultures concernent essentiellement les melons et pastèques, le taro, les ignames, les bananes et les fruits exotiques mais aussi, bien sûr, la vanille dont elle partage le leadership avec l'île de Tahaa.

La pêche est restée une activité familiale, avec d'astucieux pièges et parcs à poissons installés dans la baie de Maroe. On y trouve des cigales de mer, des langoustes, des varo. Les pêcheurs les plus téméraires partent en mer pour ramener thons et dorades coryphènes.

Ayant quitté le lagon de Bora-Bora le 12 juillet à 7h du matin par un temps maussade, nous savions que rejoindre Huahine contre vent et courant ne serait sans doute pas une partie de plaisir; et elle ne le fut pas! C'est au près serré en tirant quelques bords dans une mer hachée que nous parcourrons 75 milles au lieu des 56 théoriques, nous faisant arriver de nuit vers 21h face à la passe d'entrée Avaoma devant le village principal de Fare.

Heureusement, nous sommes dans un pays qui entretient bien sa signalisation maritime et qui possède des cartes marines précises car l'appréciation des distances et des dangers de nuit sont très difficiles dans un lieu inconnu. Nous choisîmes de mouiller à l'écart du mouillage principal, encombré et de mauvaise tenue, en allant planter notre pioche en lisière du chenal partant dans le sud du lagon, près d'une balise latérale tribord, en compagnie de trois autres bateaux.

Le lendemain matin, nous mettrons l'annexe à l'eau pour nous rendre au ponton du village et faire la découverte de Fare; il y a des choses que l'on ne s'explique pas mais nous avons tout de suite apprécié et trouvé nos marques dans ce village, même s'il était loin d'être aussi coquet que ceux que nous avions pu admirer aux Marquises. Son rythme nonchalant donne l'impression que le temps s'y est arrêté. Tout le monde semble se connaître dans cette île d'une douceur de vivre incomparable qui a su rester à l'écart du tourisme traditionnel ce qui lui vaut sans doute son qualificatif de "sauvage".

Nous passerons à l'office de tourisme, ferons quelques courses pour la cambuse, parcourrons une promenade aménagée le long d'une jolie plage de sable blanc au cours de laquelle, "damned", nous tomberons sur une exposition de la production de la seule ferme perlière de l'île (!), et le captain réservera pour le soir une table dans un restaurant sympa pour fêter son anniversaire.

Nous pensions louer une voiture pour le lendemain mais, ayant appris qu'à l'occasion du 14 juillet un défilé à la polynésienne était prévu, nous avons décidé de surseoir à cette option de 24 heures. Quant à la soirée, elle se passa très agréablement autour d'un excellent repas à base de poissons dans une joyeuse ambiance.

Le lendemain matin, nous arrivâmes donc assez tôt au village pour assister au défilé du 14 juillet; une agitation inhabituelle régnait bien sûr ce matin là parmi les habitants endimanchés et fleuris! Rien de bien militaire comme en métropole, mais le défilé était constitué, outre des gendarmes et des pompiers (dont certains étaient en tongs!), des différents groupes de chant, de musique et de danse de l'île dans leurs magnifiques costumes traditionnels et des différentes associations sportives et culturelles, le tout dans une atmosphère bon enfant très sympathique.

Puis ce fut le discours du maire, concis mais de haute tenue, vantant les spécificités de Huahine dans l'archipel polynésien et dans les valeurs de la République avant que les trois drapeaux, français, polynésien et de Huahine ne soient hissés ensemble au son successif des trois hymnes respectifs. Nous devons avouer qu'entendre la Marseillaise aussi loin de nos terres nous a fait quelque chose!

L'après-midi fut consacré tout d'abord à une sortie en zodiac pour faire de la plongée près de la barrière de corail; la faune sous-marine était toujours aussi garnie et colorée, mais les coraux étaient particulièrement beaux et en bonne santé.

Puis nous retournâmes à Fare prendre possession de notre voiture de location avec laquelle nous fîmes une première sortie de reconnaissance vers le nord de l'île, près du lac Fauna Nui et de l'aérodrome; la première impression retenue était celle d'un paysage certes moins grandiose que celui des Marquises, mais aux reliefs plus doux, moins escarpés et se prêtant davantage aux cultures du sol.

C'est donc le lendemain que nous entamâmes le tour complet de l'île, quittant Fare par le nord, longeant la rive sud du lac Fauna Nui jusqu'au village de Maeva; c'est dans cet ancien chef-lieu de l'île que l'on trouve l'une des plus grandes concentrations de vestiges archéologiques; l'île de Huahine possède d'ailleurs à elle seule une trentaine de marae restaurés. Nous nous arrêterons à celui de Maeva, en bordure du lac, à côté duquel a été édifié le Fare Potee selon les principes de construction traditionnels, abritant un musée d'objets anciens témoignant de la vie des ancêtres de l'île. Comme tous les marae restaurés, l'entretien y est impeccable et permanent.

Reprenant la route, nous obliquerons vers le marae Manunu en traversant par un petit pont le passage étroit entre le lagon et le lac. Nous arriverons ainsi sur une espèce de forteresse de pierre de lave et de corail qui servait, comme nous l'expliqua une autochtone, de tombeaux pour les anciens de l'île. A proximité, nous pûmes marcher un peu sur une immense plage de sable blanc exposée aux vents dominants et bordée d'un plateau corallien.

Faisant demi tour, nous longerons la côte est de la grande île (Huahine Nui), le long du lagon jusqu'au village de Faie situé au fond de la baie Fai. Deux curiosités font la renommée du village : l'implantation de la seule ferme perlière de l'île dans le lagon, à l'ouest du motu Mahare, à la visite de laquelle nous échapperons (provisoirement cependant) et les anguilles sacrées de la rivière traversant le village dont les plus beaux spécimen atteignent les deux mètres de longueur et sont apprivoisés par les villageois qui viennent les nourrir régulièrement. Malheureusement nous ne pûmes même pas en voir la queue d'une!

Nous poursuivrons par la route traversière en direction de l'immense baie de Maroe, montant jusqu'au lieu-dit le belvédère d'où l'on a une magnifique vue panoramique sur les baies de Maroe et Port Bourayne, ainsi que sur la petite île Huahine Iti. Longeant la route côtière de la baie, nous traverserons le pont nous menant sur Huahine Iti et longerons l'autre rive jusqu'à une pension-restaurant-magasin de souvenirs où nous nous arrêterons pour le déjeuner. Là encore, mahi mahi sauce vanille délicieux dont Maryse put obtenir la recette de la fameuse sauce : pour les lecteurs assidus du site, bientôt une rubrique culinaire en ligne rédigée par Maryse!!

Après le déjeuner, nous poursuivîmes le tour de la petite île par l'est entre les communes de Tifareii et de Parea; là, nous tomberons en arrêt devant les superbes couleurs du lagon sur lequel naviguaient des petits catamarans de sport. Situé au sud-est de l'île à proximité du motu Ara'ara, ces dégradés de bleu nous rappelaient ceux de Rangiroa, ce qui n'est pas un mince compliment!

Puis, ayant passé la pointe sud de l'île et la commune de Parea, nous nous arrêtâmes dans une vanillière où nous fûmes accueillis par François qui nous expliqua le processus de pollinisation manuel en nous faisant une démonstration d'une grande dextérité. Cette visite très intéressante nous permit de repartir avec de quoi aromatiser de nombreux desserts!

L'île Vanille

La vanille polynésienne, "Vanilla tahitensis" est une orchidée sauvage qui pousse sur une liane grimpante. Elle est le résultat d'un croisement d'une vanille mexicaine avec celle des Antilles. Ses fleurs en grappes doivent être fécondées (en Polynésie selon la technique du "mariage", une méthode de fécondation artificielle) pour produire un fruit, la vanille. La variété locale est renommée dans le monde entier pour sa fragrance prononcée et son goût corsé. Très riches en huile, ses gousses sont brillantes et plus parfumées que les autres espèces. Ce sont les îles de Tahaa et de Huahine qui produisent aujourd'hui les trois quarts de la production locale, soit 25 à 30 tonnes par an.

Les vanillères y sont implantées au fond des vallées humides, riches en humus. Cette espèce se distingue par des caractéristiques intéressantes : en effet, au contraire de l'espèce fragrans, cette vanille est indéhiscente, c'est-à-dire qu'elle ne s'ouvre pas à maturité et reste charnue. Les producteurs peuvent donc la cueillir à maturité quand elle est à son paroxysme de goût et d'arôme. La vanille "ordinaire", déhiscente, explose à maturité; on doit donc la cueillir avant qu'elle ne soit mûre, se privant ainsi d'une qualité et une intensité d'arôme.

Comme la vanille Bourbon, celle de Tahiti est asséchée plusieurs semaines au soleil. Les gousses, fermentées et séchées, exhalent leur parfum très utilisé comme arôme dans de nombreuses recettes de desserts. La vanille de Tahiti doit être pollinisée par l'action de l'homme, comme sa concurrente. La vanille de Tahiti est maintenant considérée comme la vanille de luxe car elle est rare et chère.

D'après Island guide


Puis nous traversâmes le village de Haapu avant de terminer le tour de la petite île et de reprendre le pont afin de rejoindre Huahine Nui. Sauf que… l'envie de visiter la ferme perlière les démangeait vraiment trop et, au lieu de tourner à gauche, nous poursuivîmes le long de la baie de Maroe jusqu'à l'embarcadère où une barque motorisée nous emmena dans la ferme au milieu du lagon. Rassurez-vous, nous vous en épargnerons les détails!

Nous reprendrons donc le récit où nous l'avions laissé, c'est-à-dire au pont de liaison des deux îles qui nous permettra de rejoindre la grande île du nord, de passer par la commune de Fitii avant de regagner Fare en fin de journée et de préparer l'appareillage du lendemain pour une descente du lagon en bateau. Nous comprenions maintenant pourquoi cette île semble être l'endroit où la plupart des tahitiens souhaitent se retirer, loin de la fureur et du bruit de ce qu'est devenu Papeete!

Le lendemain, 16 juillet, nous quittons notre mouillage près de Fare pour descendre dans le lagon vers le sud de l'île, laissant les balises rouges côté île à bâbord, les vertes côté récif à tribord. Les premiers milles nous permettent d'admirer quelques belles demeures sur le rivage le long de belles plages de sable blanc, notamment après la baie de Cook ou de Haavai, contre un courant de deux noeuds. Puis nous passerons devant l'un des rares hôtels de l'île avec, comme à Bora-Bora, des suites sur pilotis, avant de rentrer sur bâbord dans la baie de Port Bourayne où nous mouillerons pour le déjeuner. Le mouillage n'y est d'ailleurs pas aisé car il y a pratiquement trente mètres de fonds partout sauf à quelques endroits bien précis où l'on peut trouver quinze à vingt mètres sur des fonds coralliens donc de mauvaise tenue avec le risque de crocher l'ancre au fond…C'est bien dommage, car cette baie constituerait un abri naturel de choix en cas de forts coups de vent, voir de cyclone.

Nous n'attendrons donc pas la digestion pour ressortir de cette jolie baie au fond de laquelle on pouvait apercevoir le pont reliant les deux îles; nous passerons la pointe Teapaa et arriverons dans l'après-midi au terme du parcours, dans la baie d'Avea située juste avant la pointe sud de l'île, la pointe Tiva. Il n'est en effet pas possible de pousser plus loin, le plateau corallien ne laissant pas assez de fond pour faire le tour de l'île.

Notre nouveau mouillage est réellement enchanteur, devant une longue plage en bordure de laquelle on aperçoit un hôtel discret et quelques restaurants, mais aussi quelques habitations sommaires construites sans doute depuis longtemps mais jamais terminées : le climat permet ici de laisser les habitations ouvertes aux quatre vents! Il y a d'ailleurs quelques bateaux déjà mouillés, dont un autre Super Maramu dont les propriétaires viendront nous rendre une visite de courtoisie (Ah, ces améliens!)

Le coin est tellement accueillant que nous y resterons trois nuits, partageant notre temps entre baignade, promenade sur la plage ou jusqu'au village de Parea, découvrant sur la route un autre Marae en bord de mer. C'est à cet endroit que Maryse fera la connaissance de Titaua, une polynésienne vivant entre le village de Parea et une de ces demeures non terminées en bordure de plage. Une amitié est née dans cet endroit reculé du bout du monde avec la promesse de se revoir avant notre départ pour la Nouvelle Zélande. Titaua a ainsi mérité son portrait dans la rubrique correspondante du site. Maryse fera aussi connaissance de sa voisine et de toute sa famille sur trois générations!

Le troisième soir, la veille de notre départ, nous irons dîner en annexe dans l'un des restaurants situé à près d'un mille du bateau, en essayant de ne pas trop se mouiller car il y avait tout de même un fort clapot. Nous y passerons le genre de soirée que l'on n'oublie pas, tant l'ambiance y fut joyeuse, soirée agrémentée en outre par le service d'une magnifique polynésienne au sourire ravageur! Mais Michel et le captain étaient accompagnés et sont donc restés sans reproches…Le retour humide au bateau en pleine nuit fit également partie des bons souvenirs.

C'est à contre cœur que nous quitterons le lendemain dimanche cet endroit merveilleux pour remonter sur Fare pour notre dernière nuit à Huahine; le lundi matin 20 juillet, nous irons accoster au quai du petit port pour faire les derniers approvisionnements puis, à 9h30, nous passerons la passe de sortie, destination Tahiti d'où Martine et Michel devaient s'envoler sept jours plus tard. Une navigation inconfortable au près nous attendait à nouveau!

TAHITI, LA REINE DU PACIFIQUE

C'est Wallis qui, en 1767, fut le premier européen à aborder l'île de Tahiti, suivi quelques années plus tard de Cook, Bligh et Bougainville. L'île connut un premier essor lors des tentatives d'évangélisation menées par les religieux de la London Missionary Society mais, après de nombreuses escarmouches avec les anglais, la France réussit à imposer son protectorat en 1842. C'est en 1880 que la France, soucieuse d'asseoir son autorité dans le Pacifique, proposa au dernier roi de Tahiti, Pomare V, d'annexer son royaume à l'Etat français ce qu'il accepta.

L'essor économique de l'île démarrera cependant dans les années 60 sous l'impulsion du CEP (Centre d'Expérimentation du Pacifique) qui procèdera à une série d'essais nucléaires qui se prolongera jusqu'en 1996. Pendant cette période, le soutien financier de la France entraînera la mise en place d'une économie moderne basée sur le tourisme et la perliculture. Une aide financière de dix ans sera ensuite reconduite pour compenser le manque à gagner de la rente nucléaire; elle est cependant reconduite depuis 2006, mais pour combien de temps encore?

C'est avec un vent d'est de force 5 que la traversée commença; elle fut sans histoire sinon inconfortable, dans une mer agitée au près serré avec un vent qui forcira force 6 dans la soirée. Le lendemain 21 juillet au petit matin, notre bord nous dirigeait tout droit sur la baie d'Opunohu située sur la côte nord de l'île de Moorea; nous n'avons pas hésité longtemps pour décider de continuer dans cette direction, remettant au lendemain notre arrivée sur Tahiti, histoire de se reposer un peu et d'avoir un avant goût de cette île magnifique vue de la mer sur laquelle il était en effet prévu de revenir ultérieurement.

C'est à 10h30 que nous mouillerons au fond de la baie après avoir parcouru 148 milles, ayant dédaigné le mouillage principal situé dans le lagon sur bâbord dès l'entrée de la passe franchie : il y avait en effet trop de bateaux, laissant peu de place pour éviter en cas de changement de vent. Nous y passerons la journée et la nuit avant de repartir pour le port de Papeete le lendemain matin, non sans avoir admiré le superbe quatre mâts "Star Flyer" entrer dans la baie de Cook avec une partie de ses voiles.

Un chenal d'une dizaine de milles séparent les deux îles sœurs de Moorea et Tahiti; c'est vers 11h30 ce mercredi 22 juillet que nous nous présentâmes devant la passe de Papeete, après avoir aperçu de loin les installations industrielles habituelles des grands ports : cuves de stockage d'hydrocarbures et grues de déchargement, puis l'agglomération de Papeete s'étendant vers le nord sur les communes de Pirae et d'Arue, vers le sud sur Faa'a et son aéroport international et commençant à grignoter sérieusement les hauteurs à flanc de montagne. Sans aucun doute, nous arrivions sur l'île "capitale" de la Polynésie française, un peu désenchantés de retrouver les affres de la civilisation occidentale!

Après avoir obtenu l'autorisation de rentrer dans le port de Papeete, nous nous dirigeâmes vers les pontons réservés aux yachts de passage et nous eûmes la surprise de constater qu'il y avait de nombreuses places disponibles; cul au ponton flottant et pendille à l'avant, en deux temps trois mouvements nous étions amarrés et installés pour ce qui allait être la dernière étapes de nos amis Martine et Michel à qui il restait une petite semaine pour découvrir Tahiti.

Est-ce la peur du bruit de la circulation toute proche ou les rumeurs d'insécurité qui courraient sur ces pontons qui dissuadaient les voiliers de passage de s'arrêter dans le port, en tout cas, nous nous y trouvâmes très bien, en plein centre ville à proximité de toutes les commodités et du marché. Certes, il n'y avait pas de blocs sanitaires, mais avec l'eau et l'électricité à volonté sur le ponton, nous avions de quoi utiliser tout le confort du bateau.

Premières impressions et premières rencontres

Après le déjeuner pris à bord, nous partîmes faire une première découverte de la ville; on va dire, pour faire simple, que nous eûmes l'impression de nous trouver dans une petite sous-préfecture de province; nous fûmes cependant surpris par l'intense circulation automobile que constituait le flot ininterrompu des voitures sur une artère à quatre voies longeant le bord de mer et le port! Mais nous ne fûmes pas moins surpris par le respect absolu des piétons, les véhicules s'arrêtant sans hésitation dès qu'ils aperçoivent un homo pedibus semblant vouloir traverser! Voilà une bonne leçon que pourraient prendre de nombreux automobilistes de la métropole…Et puis il y a bien sûr et surtout les gens; deux caractéristiques sautent aux yeux immédiatement :

  • ­le mélange de population : polynésienne, la plus nombreuse, plus ou moins métissée, des blancs, les popa'a comme on les appelle ici, et une population importante d'origine chinoise qui semble tenir la plupart des commerces,
  • l'obésité de la grande majorité des polynésiens qui semblent manger à toute heure du jour des aliments bien éloignés de ceux que la nature généreuse des îles semble pourtant leur offrir.

Nous arrêterons là le récit de nos premières impressions car nous aurons l'occasion d'y revenir ultérieurement dans une relation plus documentée.

Le lendemain, pendant que les femmes repartaient arpenter les rues et le marché de la ville et réserver une voiture pour quelques jours, les hommes retrouvaient Gérard pour une ballade à la voile entre Tahiti et Moorea. Ce dernier a été un collègue de travail de Michel au sein de la multinationale américaine pour laquelle ils travaillaient. Ils n'avaient eu que des rapports professionnels étroits et s'étaient appréciés dans leur rôle respectif qui les avait conduit à faire ensemble un tour du monde des filiales pour prêcher la bonne parole technique et marketing de la boîte. En fait de voile, l'absence totale de vent nous obligea à faire tourner le moteur la plus grande partie de la journée! Celle-ci s'acheva par le dîner pris à bord d'Olympe en compagnie de Gérard et de sa femme Irène venue nous rejoindre.

Cette rencontre fut intéressante à plus d'un titre : tout d'abord, Irène et Gérard forme un couple éminemment sympathique, et nous ne nous doutions pas encore qu'ils allaient devenir de vrais amis. Et puis, autre attrait de cette rencontre avec eux, ils allaient pouvoir nous éclairer sur les mœurs et les coutumes polynésiennes, nous aider à mieux comprendre la réalité de ce qui fascine l'occidental dans son inconscient, nous aider à faire la part du mythe et de la réalité. Mais pour le présent, Gérard nous expliqua les changements intervenus à Tahiti depuis quarante ans, nous avouant que nous (les métropolitains) n'avions pas fait que du bien! Ils nous conseillèrent ensuite sur notre tour de l'île prévu le lendemain en voiture, nous invitèrent le surlendemain samedi à faire une randonnée située près de chez eux et à passer le dimanche chez leurs amis polynésiens Miriama et Maté à Papara sur la côte sud de l'île. Voilà qui commençait fort!

Le tour de l'île

Tahiti est en fait constituée de deux îles reliées par un isthme : Tahiti Nui, la plus grande ("nui" signifiant "grand" en polynésien), située au nord-ouest, et Tahiti Iti, la plus…petite ("iti" signifiant… "petit" en polynésien), encore appelée la presqu'île, située au sud-est.

Nous commençâmes le tour dans le sens des aiguilles d'une montre en nous arrêtant d'abord au Yacht Club de Tahiti situé dans le lagon d'Arue afin de savoir si nous pourrions y laisser le bateau pendant notre séjour en France; il n'y avait malheureusement pas de place disponible. Reprenant notre tour, nous nous arrêtâmes en bord de lagon au tombeau de Pomare V qui, comme nous l'avons écrit plus haut, fut le dernier roi de Tahiti qui accepta l'annexion de son royaume à l'Etat français en 1880.

Entre Arue et Mahina, la route s'élève et débouche sur le promontoire du Tahara'a, l'un des plus beaux points de vue de l'île avec notamment la perspective sur la rade de Papeete et la vue de Moorea au loin. C'est dans cette partie du lagon face au promontoire qu'arrivèrent les navigateurs Wallis, Cook et le célèbre capitaine Bligh sur la Bounty.

Arrivés à Mahina, nous quittâmes la route principale pour aller rejoindre la pointe Vénus, cap le plus nord de Tahiti où est érigé le seul phare de l'île près d'une plage de sable noir. C'est un lieu de promenade recherché par les tahitiens qui viennent y passer la journée et par les touristes qui déambulent dans le fare d'exposition de l'artisanat des îles. Près du phare, un monument a été érigé par l'Eglise Protestante Tahitienne enserrant des pierres en provenance de toutes les îles de la Polynésie, symbolisant l'union des chrétiens des îles du Pacifique Sud.

Ayant rejoint la route principale et quitté Mahina, nous arrivâmes à l'embouchure de la rivière Papenoo dans le village du même nom; c'est de cet endroit qu'avec un véhicule tout terrain on peut s'aventurer vers le centre de l'île en remontant la vallée et en traversant la rivière avec des passages à gué. C'est sans nul doute une promenade qu'il nous faudra envisager plus tard.

Peu après Papenoo, on arrive au lieu dit "le trou du souffleur", une curiosité naturelle constituée d'une crevasse passant sous la route dans laquelle s'engouffre la houle de l'océan pour venir resurgir, en un jet puissant et sonore, le long de la falaise abrupte. Puis quelques dizaines de mètres plus loin, nous prîmes la direction des trois cascades de Faarumai que l'on peut atteindre au bout de quelques dizaines de minutes de marche à travers une végétation luxuriante et humide. Histoire de vous familiariser avec les noms polynésiens, on vous donne (de mémoire bien sûr!!!) le nom de ces trois cascades : Vaimahuta, Haamaremare Iti et Haamaremare Rahi…Ces cascades et leur environnement n'étaient pas sans nous rappeler celles que nous avions visitées en Guadeloupe sur Basse Terre.

Reprenant la route, nous traversâmes les villages de Mahaena et Hitiaa sans grand intérêt si ce n'est l'endroit du lagon où est venu mouiller pour la première fois Louis Antoine de Bougainville avec ses navires "La Boudeuse" et "L'Etoile" le 6 avril 1768. Une ancre de La Boudeuse a d'ailleurs été retrouvée à cet endroit.

A l'heure du déjeuner, nous arrivâmes à Taravao, le village situé sur l'isthme séparant la presqu'île de Tahiti Nui où nous pûmes nous restaurer. Puis nous prîmes la direction de la route sud de la presqu'île qui se termine en cul-de-sac à Teahupoo une vingtaine de kilomètres plus loin. Cet endroit est un spot de surf réputé accueillant des compétitions internationales. Bien que le temps soit calme, nous pûmes apercevoir des surfers s'entraîner sur des vagues d'environ deux mètres.

Nous reprîmes ensuite la direction de Taravao pour revenir à Papeete par les côtes sud et ouest de l'île. Nous passerons ainsi le long de Port Phaeton situé dans l'échancrure d'une baie coincée entre l'île principale et la presqu'île, puis traverserons rapidement les villages Papeari et Mataiea, longerons le golf international de Tahiti, passerons Papara où nous devions revenir le surlendemain chez les amis d'Irène et Gérard et nous arrêterons aux grottes de Maraa situées en bordure de route au sein d'une très belle végétation; malheureusement, l'accès en est actuellement fermé pour des raisons de sécurité.

Tout le long de cette côte sud, on pouvait apercevoir de profondes vallées s'enfoncer vers le centre de l'île mais aucune route n'y conduisant, on ne peut s'y enfoncer qu'à pied pour des randonnées certainement assez difficiles.

Nous nous arrêtâmes à la marina Taina située à Punaauia, une douzaine de kilomètres au sud de Papeete, pour réserver une place pour le bateau pendant notre absence d'un mois : nous devions en effet faire un retour très attendu en métropole du 7 août au 6 septembre pour retrouver famille et amis quittés depuis un an et participer au mariage de Pierre et Vanessa. Il y avait une place disponible pour Olympe que nous réservâmes en précisant que nous amènerions le bateau début août.

Nous souhaitions visiter le musée de Tahiti et des îles situé également à Punaauia et que Gérard nous avait chaudement recommandé, mais l'heure se faisait déjà tardive, la nuit allait bientôt tomber et Maryse avait réservé pour le soir des places au spectacle final du Heiva de Tahiti avec les meilleurs groupes du concours annuel; nous décidâmes donc de rentrer directement au bateau pour dîner et nous diriger à pied depuis le port jusqu'à la place Toata où est érigée de manière permanente une enceinte de spectacle pouvant accueillir 6000 personnes.

Elle était pleine et le spectacle magnifique et coloré; nous eûmes la surprise de revoir un des groupes que nous avions remarqué à Bora Bora, arrivé deuxième du concours; mais il faut reconnaître que le groupe vainqueur, le même que l'année précédente, était au dessus du lot. Malheureusement, même si cette fois nous avions pris nos appareils photos, il était interdit de les utiliser pour de sombres prétextes de droit à l'image vendu à un média local! Quand je vous dis que ces polynésiens sont en train de vendre leur âme…Vous n'en verrez donc rien!

Un week-end polynésien

Samedi matin, Gérard nous avait donné rendez-vous chez lui, au dessus de Tahara'a; malgré ses explications de la veille, nous ne pûmes trouver sa demeure située bien plus haute que nous ne le pensions. Aussi vint-il au devant de nous pour nous emmener chez lui avant de partir à pied pour une randonnée d'environ cinq heures sur le sentier pédagogique Aneane balisé de pancartes explicitant les noms et caractéristiques de la flore rencontrée tout le long de la montée. Le retour devait s'effectuer par un chemin de crête permettant d'avoir de jolies vues sur le lagon et la rade de Papeete.

Nous partîmes vers 10h30, eau et casse-croûte dans nos sacs à dos. La montée fut effectuée à un train de sénateur, nous arrêtant à chaque pancarte éducative afin de tenter de reconnaître et de retenir les noms de toutes les espèces rencontrées, certaines endémiques, d'autres importées. Nous citerons au hasard : Pisse Pisse (tulipier du Gabon), Falcata, Miconia, Toi, Ieie, Manono, Nahe, Vi papaa, Avota, Purau, Apape, Pistas, Opuhi, Mama'u… Les spécialistes apprécieront! Les espèces endémiques désignées sous leur nom polynésien en portaient en fait souvent deux, étant appelés différemment aux Marquises.



C'est au bout de deux heures et demie que nous atteignîmes le deuxième refuge, le plus haut, où nous pûmes nous sustenter, certaines goulûment, pendant que Michel et Gérard se rappelaient les bons souvenirs de leurs voyages professionnels.

Puis nous entamâmes la descente par le chemin de crête; sans être difficile, il n'en fallait pas moins faire attention car le sol était parfois glissant; une menace de pluie s'éloigna finalement, ce qui aurait sans doute rendu l'exercice plus périlleux car nous n'aurions pas eu les chaussures adaptées. Le spectacle valait le déplacement, avec les pentes verdoyantes des reliefs et la vue sur la vallée qui descendait jusqu'en bord de mer, laissant apparaître un panorama de la pointe Vénus au port de Papeete, le bleu du Pacifique et au loin l'île de Moorea.

De retour chez Irène et Gérard, nous prîmes un rafraîchissement bien mérité car la chaleur était assez forte, puis nous prîmes congé de nos nouveaux amis pour une escapade d'un autre genre : faire des courses au Carrefour de Punaauia afin d'assurer notre subsistance et d'approvisionner des munitions pour la journée du lendemain où nous devions nous retrouver une quinzaine chez Miriama et Mate. La soirée se passa calmement au bateau, le lendemain étant une journée encore chargée.

Sur les conseils de Gérard, c'est à 5h30 du matin que Martine et Maryse se rendirent le dimanche au marché municipal situé à deux pas du bateau; c'est en effet de bonne heure que les polynésiens font leurs achats du jour et que l'ambiance y est par conséquent la meilleure.

Les marchés sont souvent représentatifs de l'âme et de l'ambiance d'une ville; c'est la raison pour laquelle, à chacune de nos escales, nous ne manquons pas d'y faire un tour pour le simple plaisir des yeux, les odeurs et l'ambiance. Même si l'heure matinale (le marché ouvre à 4h du matin) est la plus fréquentée, nous remarquerons ultérieurement que ce marché est en fait actif à toute heure du jour car situé dans le centre historique, culturel et social de la ville.


Si les étalages de fruits et légumes ressemblent beaucoup à ce que nous avions pu voir lors de précédentes escales, ce sont surtout les étalages de poissons qui ont attiré notre attention; il y avait les poissonniers vendant du "gros" : thons, bonites, mahi mahi (dorades coryphènes) et espadons comme nous en avions vu ailleurs, mais il y avait de nombreux étals de poissons de lagon de taille bien plus modeste offrant des palettes de couleur incomparables : paihere, ature, iihi, vete, oiri, parai, tarao, moi…rangés par espèces. A l'opposé du marché, l'autre attraction était constituée des marchands de fleurs dont bien sûr le Tiare de Tahiti, très odorant, fleur constitutive de la plupart des colliers ou des couronnes portés par les tahitiennes; on y trouvait également des taina, des tipanie, des pitate, des opui rouge vif et des hibiscus de plusieurs teintes dégageant des senteurs enivrantes.

Le premier étage du marché est entièrement consacré à l'artisanat des îles, mais nous en avons repoussé à plus tard la visite.

En fin de matinée, nous partîmes pour Papara retrouver Irène et Gérard chez leurs amis tahitiens; nous avons eu là la démonstration de l'accueil et de l'hospitalité tahitienne, car nous fûmes reçus comme si nous étions de la maison. Miriama initia Martine et Maryse au râpage manuel du coco; de nombreux plats tahitiens avaient été préparés dont le poisson cru au lait de coco que l'on mange avec les doigts, accompagnés de toute sorte de légumes et fruits locaux – uru, le fruit de l'arbre à pain, des ignames, des bananes plantain, de la patate douce et des épinards à la crème; Mate avait en outre préparé un four tahitien pour la cuisson simultanée des différents légumes et d'un cuisseau de veau.

Le four tahitien peut se faire dans un trou creusé dans le sol ou dans un creuset; on y dépose des pierres d'origine volcanique chauffées à blanc, un peu de bois, les différents aliments que l'on veut faire cuire, enveloppés chacun dans des feuilles de bananiers; tout l'art consiste à bien disposer les aliments dans le creuset pour que l'ensemble cuise à l'étouffée (le four est pour finir recouvert de grosses toiles de jute) dans le même temps global, chacun étant cependant cuit à point, ni trop ni trop peu.

Ce fut un régal et le repas qui fut partagé avec enfants et petits enfants se termina par une note plus "métropolitaine", un digestif pris dans l'eau du lagon. On nous avait en effet conseillé de venir avec nos maillots de bain. Cette image n'est pas sans rappeler celle d'un certain 31 décembre en Martinique avec Françoise, Jean-Marie et nos amis bretons Francette et Alain, Michèle et Jean; seul le contenu des verres différait, le ty-punch ayant été remplacé par le cognac… Nous voudrions cependant faire remarquer aux lecteurs qui pourraient se méprendre sur nos habitudes ou intentions que ce n'était que la deuxième fois depuis notre départ en Août 2008!!!

En fin d'après-midi, nous prîmes congé de nos hôtes en les remerciant chaleureusement de leur hospitalité et de cette bonne journée passée avec eux; la réponse de Maté fut :"non, merci à vous, car c'est nous qui avons passé une bonne journée grâce à votre visite"; No comment!

Ainsi s'acheva notre premier week-end polynésien.

Derniers jours avant le retour et le drame

Le lendemain lundi 27 juillet était le jour du départ de Martine et Michel pour la France; nous venions de passer plus de trois mois ensemble depuis Panama et le temps était passé à une vitesse éclair, toujours dans la joie et la bonne humeur. La journée fut donc essentiellement consacrée à boucler non sans mal les bagages qui s'avérèrent insuffisants pour ramener tous les souvenirs, cadeaux, coquillages et échantillons de sable généreusement offerts par Maryse à Martine au grand désespoir de Michel! Un aller-retour à Carrefour fut nécessaire pour acheter un (grand) sac supplémentaire, et nous passerons sur les épiques discussions que chaque couple doit connaître lorsqu'il s'agit de faire rentrer le maximum de choses dans le minimum de place…

Vers 20h30, nous accompagnâmes nos amis à l'aéroport et restâmes jusqu'à l'embarquement où l'émotion était à son comble; mais nous savions que nous allions nous revoir dans quelques semaines à Lyon ce qui remit un peu de baume au cœur de chacun.

Il nous restait alors onze jours pour nous préparer et préparer le bateau avant de prendre nous aussi un vol le 7 août au soir. Ils furent occupés à un grand nettoyage du bateau, à la descente du génois afin de le donner à réviser pendant notre absence avec le gennaker, à effectuer les derniers achats de souvenirs et cadeaux. Nous nous étions peu moqué de Martine et Michel lors de la confection de leurs bagages et nous avions bien fait : nous fîmes également un aller-retour à Carrefour pour acheter un (grand) sac supplémentaire!

Le 3 août en début d'après-midi, après avoir réglé le port autonome, nous larguions les amarres de notre ponton pour nous rendre à la marina Taina par l'intérieur du lagon. Le balisage y est impeccable et, à l'approche des pistes de l'aéroport, nous demandâmes l'autorisation d'en couper leur axe pour poursuivre en direction de Punaauia et sa marina; elle nous fut accordée aussitôt et une bonne heure après notre départ du port nous arrivions à hauteur de la marina que nous contactions par VHF et qui nous envoya un zodiac pour nous placer le long d'un quai en béton côté sud. Nous nous y introduisîmes en marche arrière pour nous placer juste derrière Marianne, le bateau Amel 54 que nous avions croisé dans un mouillage de Nuku Hiva aux Marquises : le monde des navigateurs est décidément bien petit!

Joël, son propriétaire, nous invita à prendre un pot à bord le lendemain pour nous faire visiter son bateau, nous montrer les améliorations apportées par le chantier Amel par rapport au nôtre et celles qu'il a lui-même apportées suite à sa longue expérience de navigation; vivant en Nouvelle Calédonie, dont il est d'ailleurs le co-auteur du guide de navigation, il est parti il y a trois ans de La Rochelle avec son bateau neuf et n'a toujours pas regagné son île! Il faut dire qu'il a musardé et s'est payé le luxe de descendre en Patagonie avec son bateau…

Souvenez-vous, fidèles lecteur, que nous avions eu des ennuis avec un chargeur de batteries tout neuf et que nous en attendions un nouveau depuis Panama; que nous avions eu aussi des soucis avec le groupe électrogène que nous ne pouvions plus utiliser faute de turbine de refroidissement. Aussi, dès notre arrivée dans la marina, nous nous adressâmes au schipchandler du coin, Michel, qui nous installa aussitôt un chargeur provisoire pour regonfler nos batteries sans utiliser le moteur et qui allait s'occuper de notre groupe qu'il connaissait bien pour avoir le même sur son bateau.

Et puis le 4 matin, miracle, le nouveau chargeur arrive à la marina expédié par la maison mère de l'agence de Guadeloupe. Il faut dire que le captain avait dû se fâcher tout rouge pour obtenir gain de cause…Au programme avant notre départ restait donc à terminer l'installation du chargeur et changer un tuyau fuyard dans la cale moteur qui faisait se déclencher la pompe périodiquement et que nous avions eu du mal à repérer.

 

5 août 2009

Il y a des jours marqués d'une pierre noire! Le captain part en vélo de bon matin de l'autre côté de Papeete, à une quinzaine de kilomètres, chercher un tuyau pour remplacer le fuyard. A peine repart-il du magasin que la chaîne du vélo se casse net! Qu'à cela ne tienne, il est pliable et on prend un bus pour rentrer à la marina. La fin de matinée sera consacrée à remplacer le tuyau défaillant. Puis c'est l'heure du repas; nous déjeunons à l'intérieur, le capot de la salle machine est resté ouvert. Il est 12h30 quand nous entendons comme un arc électrique puis sentons une odeur de cramé; de la fumée noire commence à sortir de la cale moteur. Aussitôt on ouvre les coupe-circuits, on débranche la prise 220V du quai et on se précipite avec notre extincteur à poudre que nous vidons sur des flammes qui commencent à apparaître. Mais rien n'y fait.

Sur le quai, Rémy discute avec Joël; il est là depuis longtemps au mouillage, connaît tous les rouages de la marina et a le bon réflexe : voyant de la fumée sortir du bateau, il appelle la capitainerie avec son portable et s'approche du bateau pour nous dire de prendre les papiers importants et de descendre immédiatement. Maryse se réfugie sur Marielle auprès de Joël, le captain rentre en apnée dans le bateau déjà plein de fumée pour revenir avec papiers, passeports et ordinateur.

Déjà les équipes de la marina, aidées d'un capitaine de bateau de pêche, arrivent avec un énorme extincteur sur roulettes. Il est si lourd qu'il faut trois hommes pour le monter sur le pont. Vu du quai, c'est la désolation : la fumée sort maintenant de toutes les ouvertures du bateau de la proue à la poupe! Ce n'est pas possible, pas ça, notre fidèle compagnon ne va pas finir ses jours ici! Et pourtant, au fond de moi, je ne vois pas d'autre issue : je l'imagine transformé en torche immonde, ses mâts s'écroulant, s'enfonçant dans l'eau jusqu'à disparaître à jamais.

Je remonte sur le pont pour guider nos sauveteurs sur l'emplacement des équipements, notamment la présence de bidons d'essence et de gasoil que nous extrayons des coffres et emmenons hors de portée; mais il y a le réservoir de gasoil qui est situé dans la cale moteur : Il y reste encore environ 180 litres! Je ferme les capots de pont pour limiter le tirage naturel. Je prends peur aussi pour les bateaux voisins : celui de Murielle et Hervé et celui de Joël qui a pris Maryse en charge car en état de choc (il est médecin).

L'extincteur de la marina entre en action; au péril de sa vie, le capitaine du bateau de pêche entre dans la cale moteur pendant que d'autres arrosent de poudre. Au bout de quelques minutes qui paraissent une éternité, le volume de fumée semble s'atténuer puis s'arrête enfin à l'arrivée des pompiers vingt minutes après le départ du feu. Ceux-ci n'auront donc pas à déverser leurs milliers de litres d'eau dans le bateau au risque de le couler comme cela était arrivé trois mois plus tôt sur un autre bateau dans cette même marina.

Olympe semble donc sauvé, mais dans quel état? La structure ne semble pas être atteinte, d'ailleurs la chaleur n'a pas dû être très élevée car l'extincteur de cale automatique au halon ne s'est pas déclenché. A l'intérieur du bateau, les seules traces perceptibles, mais quelles traces, sont celles de la poudre des extincteurs qui a tout envahi, s'est déposée sur tout les mobiliers et le sol et a imprégné tous les tissus; ce sont aussi celle de la suie noire qui s'est déposée de manière sélective dans des endroits surprenants : à l'intérieur de la table à carte, dans les tiroirs de vaisselle, dans certains équipets et dans le bac à douche de la cabine avant!

Mais dans la cale moteur, c'est la désolation; outre que tout est recouvert de cette poudre bleu-vert corrosive des extincteurs, la mousse des panneaux d'insonorisation a partiellement fondu, le dessalinisateur est manifestement hors d'usage, fondu par endroit et surtout les faisceaux de câbles sont calcinés, parfois à nu. Pour autant que l'on puisse en juger à ce moment, le moteur ne semble pas avoir souffert; seuls les alternateurs n'ont pas dû apprécier d'être aspergés de poudre corrosive.

Avec Maryse, nous sommes abattus; nous savions l'attachement que les navigateurs portent à leur bateau mais ne pouvions imaginer que ce soit si fort. Grâce à Olympe, nous avions vécu depuis un an une aventure extraordinaire, nous permettant de visiter le monde, nous protégeant, petite coquille de noix sur l'immensité des océans, des éléments parfois hostiles, ne rechignant jamais à la tâche en nous procurant des vrais moments de bonheur lorsqu'il filait bon train poussé par les vents favorables. Pourquoi? Pourquoi avait-il choisi de mourir, précisément à ce même endroit, si loin de ses bases, où il était déjà venu dans sa jeunesse?

La solidarité des voisins de ponton fut exceptionnelle; nous eûmes plusieurs propositions pour venir dormir à leur bord en attendant mieux; on nous prêta des baladeuses (nous n'avions bien sûr plus de courant à bord), mais surtout on tenta de nous remonter le moral qui en avait bien besoin. Cependant, nous décidâmes de rester à bord malgré la saleté et l'odeur de brûlé; nous ne pouvions nous résoudre à autre chose. Il nous restait une bonne partie de l'après-midi et le lendemain pour entamer et dégrossir autant que faire se peut le nettoyage de l'intérieur avant notre départ. C'était le moins que nous pouvions faire pour lui!

Dans la nuit, j'appelai le courtier de notre assurance pour lui faire part du sinistre, lui expliquer notre situation pour qu'un expert puisse venir avant notre départ. Il faudrait qu'une fois pour toute le dicton "impossible n'est pas français" soit rayé des annales car il nous fut répondu que le délai était bien trop court! Nous imaginions que Groupama Transport avait d'autres moyens! A moins que ce ne fut le courtier qui ne voulait pas s'embêter…

Le lendemain, nous appelâmes le responsable local de la compagnie qui nous indiqua le nom de l'expert qui avait les meilleures chances d'être mandaté et nous conseilla de l'appeler directement, ce que nous fîmes immédiatement sans grande conviction. Nous avions tort car nous sommes tombés sur un expert qui n'avait pas oublié d'être humain et qui nous proposa aussitôt, avant même qu'on le lui demande, de venir l'après-midi faire les premières constatations. Il faut donc savoir qu'à Tahiti on est mieux servi qu'en France au moins par les assureurs.

Il sût aussi trouver les mots pour nous réconforter en nous assurant qu'Olympe pourrait renaviguer, qu'il avait déjà vu des cas bien plus graves et qu'à Tahiti nous pourrions trouver les compétences nécessaires pour le remettre en état. Il se proposa même pour jouer le maître d'œuvre en notre absence pour faire nettoyer la cale moteur et faire venir les entreprises pour les devis.

Voilà qui nous permettait de partir le lendemain l'esprit plus serein, non sans avoir organisé à la capitainerie un pot de remerciement pour tous ceux qui nous avaient aidés à sauver Olympe. Et puis, en réfléchissant, nous nous disions que dans notre malheur, nous avions bénéficié de plusieurs concours de circonstance nous permettant de positiver un peu :

  • ­Si nous n'avions pas amené le bateau à la marina Taina, il serait aujourd'hui au fond de l'eau du port de commerce où nous étions deux jours plus tôt, sans secours possibles,
  • ­Si Rémy ne s'était pas trouvé à ce moment là sur le quai, qui aurait prévenu la capitainerie à temps?
  • ­Quant aux gros extincteurs à roulettes de la marina, ils avaient été livrés trois jours plus tôt! Avant, il n'y en avait pas.
  • Et si ça nous était arrivé en plein océan?!...

A 20h le 7 août, Irène et Gérard vinrent nous chercher pour nous conduire à l'aéroport; si nous avions besoin de quoi que ce soit, nous pouvions compter sur eux.

A 23h35, nous quittions provisoirement la Polynésie pour retrouver tous nos proches, loin de nous douter qu'une  nouvelle catastrophe nous attendrait à notre retour! 
 

Retour haut de page