OLYMPE AUTOUR DU MONDE

Madère-Agadir

Après la mésaventure de la perte de l'annexe dans la nuit du 11 au 12 septembre puis de sa récupération dans la journée du 12, nous reportons le départ pour Agadir au samedi 13 matin; ceci permettra en outre au coup de vent le long des côtes marocaines de 35 nœuds de se calmer. Les prévisions météo sur le parcours sont de 20 à 25 nœuds de nord-est jusqu'à la demie journée de dimanche, puis de 15 à 20 nœuds jusque dans la nuit de dimanche à lundi pour enfin tomber à 5 à 10 nœuds le lundi.

9h15, on relève l'ancre qui était bien enfouie dans une vase épaisse et collante que le captain aura un peu de mal à nettoyer à l'aide de la gaffe afin de ne pas salir l'étrave et le pont.

9h30, nous quittons la baie de Funchal dans un calme étonnant qui ne va pas durer; en effet, dès que nous aurons passé la pointe est de la baie, nous vérifierons que les prévisions météo étaient bonnes : le vent apparent se maintient à 25 nœuds avec rafales à 33.

A 10h30, alors que nous naviguons sous trinquette et grand-voile haute, nous entendons un bruit de rupture, et la trinquette se met à "bailler" dans sa partie basse; le diagnostic n'est pas long à établir, la poulie de drisse de trinquette a explosé! Nous nous mettons alors vent arrière pour dégréer la trinquette et la ranger dans la cabine avant, puis reprenons notre cap au 117° vers le sud des îles Desertas avec le génois partiellement roulé. La journée commence décidément bien!

Notre allure est le près bon plein, c'est-à-dire que nous naviguons entre 50° et 60° du vent apparent. Ce n'est pas aussi inconfortable que le près serré mais le bateau gîte tout de même; ce n'est pas l'allure préférée du mousse du bord qui commence à pâlir petit à petit.

13h20, nous passons au sud de la plus sud des îles Desertas et pouvons modifier notre cap au 108° en route directe vers Agadir sous un bord unique.

Vers 16h, le vent se renforcera un peu quelques heures; le mousse est de moins en moins en forme et commence à trouver le temps long, même si notre vitesse reste élevée entre 8,5 et 9,5 noeuds. Il effectuera néanmoins courageusement ses quarts de nuit. Le bateau, bien réglé, est stable et aucune manoeuvre ni aucun réglage n'est à effectuer au cours de la nuit.

Au cours de la journée du 14, il ne se passera pas grand-chose; nous sommes surpris de ne croiser aucun bateau et de n'avoir aperçu encore aucun animal marin; les revendications du mousse deviennent de plus en plus virulentes, des menaces d'arrêt de l'aventure sont même susurrées…

Dans le courant de l'après-midi, vers 16h, la force du vent décroît à force 4-5. Nous renvoyons toute la toile, y compris la voile d'artimon. La houle est par contre toujours présente de travers : un vrai bonheur!

C'est à 20h30 que nous croiserons le premier cargo depuis le départ; il passera sur l'arrière à 2 milles. Le deuxième sera croisé à 1h10 du matin au cours de la nuit; cette fois nous aurons dû nous dérouter car nous étions en route de collision et manifestement, soit par manque de veille, soit par non respect des règles de priorité, il ne bronchait pas!

Une heure plus tard, le vent tombe complètement; les voiles sont rentrées et le moteur mis en route jusqu'à ce que le nord-est force 4 revienne à 2h30; arrêt moteur, on renvoie les voiles!

Puis, à 6h40 le lundi matin, le vent tombera définitivement (NE 1-2); pour abréger les souffrances de son mousse préféré, le captain remettra les gaz jusqu'à l'arrivée. Dans l'après-midi nous apercevrons des vols d'ibis, grands oiseaux élégants au long bec courbé, avec leurs longues pattes repliées sous leur queue telles un train d'atterrissage. C'est à 16h30 que nous atteindrons la nouvelle marina d'Agadir après 407 milles parcourus en 55 heures.

Nos amis Elisabeth et Jean, que nous avions appelé au téléphone, nous attendaient sur le ponton. Cela nous faisait très plaisir de les revoir depuis trois ans que nous avions fait plus ample connaissance sur un bateau de croisière entre Marseille, Gênes et Barcelone!

Puis ce fût le rituel des formalités d'entrée; il n'y avait pas une demi-heure que nous étions amarrés au ponton que sont arrivés deux représentants des douanes et deux représentants de la police royale, tous d'une grande gentillesse, nous souhaitant la bienvenue au Maroc; nous passerons sur le remplissage des différents formulaires qui impose de répéter x fois les mêmes renseignements aux uns et aux autres, je crois que cela doit être assez général quelque soit le pays.

Nous pouvions alors amener le pavillon jaune et nous consacrer à nos amis et à notre séjour au Maroc. Le mousse du bord avait retrouvé le sourire!

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