OLYMPE AUTOUR DU MONDE

VANUATU-AUSTRALIE

Le choix du port d'arrivée

Voilà donc arrivée la date du départ pour l'Australie; mais l'Australie, c'est grand! Quasiment un continent à elle-seule, c'est la plus grande île du monde et sa superficie ne doit pas être très éloignée de celle des Etats-Unis. Il n'est donc pas question de vouloir la visiter de la même manière que celle qui nous a permis de visiter la Nouvelle-Zélande où nous sommes restés cinq mois.

A l'origine de notre projet, nous avions envisagé de rejoindre Sydney depuis la Nouvelle-Zélande qui se situe à peu près à la même latitude, puis de repartir vers le nord-est en Nouvelle-Calédonie avant de gagner le détroit de Torrès par la haute mer pour atteindre Darwin. Des navigateurs de rencontre nous en avaient dissuadés, estimant que même si sur le point de la distance parcourue nous étions peut-être gagnants, le trajet Sydney-Nouméa risquait d'être pour le moins compliqué. Et puis, nous disaient-ils, pourquoi gagner le détroit de Torrès par la haute mer, c'est tellement plus tranquille et plus beau par l'intérieur de la Grande Barrière de Corail…

Nous avions donc modifié le projet, inversant Nouméa et Sydney. Puis s'est posée la question de l'archipel du Vanuatu : c'était aussi très tentant d'aller y voir de plus près, certainement plus dépaysant et plus typique que de visiter des mégalopoles australiennes. L'envie de Gérard d'y retourner 25 années après y avoir vécu quatre ans nous a finalement décidés.

Oui, mais alors il fallait prendre en compte deux conséquences : le temps passé au Vanuatu serait autant de temps à passer en moins en Australie et la latitude de cet archipel étant encore plus nord, il n'était plus envisageable de redescendre sur Sydney. Restait alors à choisir le point d'atterrissage sur la côte du Queensland : au sud de la Grande Barrière, Brisbane ou Bundaberg, ou plus haut pour gagner du temps?

C'est que le temps va commencer à manquer car le problème de tous les "tour-du-mondistes" c'est le retour! L'océan Indien est grand et si l'on veut éviter d'y séjourner pendant une saison cyclonique, il faut le descendre tôt pour arriver à l'abri en Afrique du Sud avant décembre. Et puis il y a la promesse du captain à son second d'un retour à l'été 2012…

Prenant en compte tous ces éléments, nous choisîmes finalement d'aborder l'Australie à Cairns situé à un peu plus de la mi-hauteur de la Grande Barrière.

La traversée

C'est le 6 juillet à 8h que nous relevons le mouillage et quittons Luganville sur l'île d'Espiritu Santo. Nous avions envoyé deux jours plus tôt un message aux douanes australiennes afin de respecter les strictes procédures d'entrée du territoire et en avions reçu l'accusé de réception : nous pouvions alors mettre les voiles! Le temps est beau et les prévisions météo sont bonnes pour la semaine à venir : vent d'est sud-est force 3 à 4 les deux premiers jours, puis sud-est force 5 à 6 les jours suivants. On estime que les 1260 milles théoriques seront avalés en huit jours.

Les premiers milles seront parcourus pour nous extraire de l'archipel, d'abord du Segund Channel entre l'île principale et Aore Island, puis nous atteindrons rapidement l'intersection entre Segund Channel et Bruat Channel où la rencontre des courants provoque quelques remous parfaitement gérables par ce petit temps.

Il faudra ensuite franchir la pointe sud-ouest de l'île avant de mettre le cap plein ouest en direction de la Grande Barrière de corail.

Le problème de la navigation par vent fluctuant autour du grand largue est toujours le même : on se trouve à la limite de l'angle mort où la grand-voile masque le génois; on a alors le choix entre changer la route et perdre en cap, ou tangonner et détangonner à loisir le génois au vent. C'est cette solution que nous choisissons ici, ça passe le temps!

La première journée se passera ainsi tranquillement sur une mer calme en parcourant 154 milles les premières 24 heures. Conformément aux prévisions, le vent allait forcir le soir du second jour et, à l'heure du point du 8 juillet, on note dans le livre de bord vent SE 5 à 6, mer forte (mais surtout croisée), 174 milles parcourus. Mais à ces allures portantes, pas de problème.

Pas de problème à part le groupe électrogène qui s'arrête pour alarme débit d'eau! La prise d'eau de mer du bateau s'est désamorcée et la turbine de refroidissement du groupe n'a pas assez de puissance pour la réamorcer. Problème classique chez Amel mais le captain doit changer la turbine qui a largué ses pales dans l'échangeur et il faut donc aller les enlever dans celui-ci! Et il en manque toujours! Heureusement, par cette allure portante, le bateau ne bougeait pas trop et tout rentra dans l'ordre. Pour la suite, la consigne sera de démarrer le moteur principal pour réamorcer éventuellement la prise d'eau de mer, l'arrêter après avoir contrôlé que le circuit était bien réamorcé, puis seulement démarrer le groupe.

L'après-midi, Gérard s'essaie à la pêche sous le regard amusé du captain qui sait comment ça va finir : comme avec Michel, ligne cassée et rapala perdu! Nous croiserons en même temps un bateau de pêche à moins d'un mille sur bâbord.

Au point du 9 juillet, 188 milles auront été parcourus; les couchés de soleil sont magnifiques depuis notre départ et chaque soir les photographes sont à l'œuvre! Il faut ensuite tangonner à 23 h puis détangonner à 2h du matin…La mer est toujours forte et désagréable avec une houle croisant la mer du vent.

La journée du 10 sera la plus prolifique en bateaux croisés : un vraquier et deux cargos en direction du nord, probablement le détroit de Torrès. On s'occupe en jouant aux cartes et on ramasse des poissons volants sur le pont. 179 milles seront parcourus.

En fin de journée et pendant la nuit suivante, le vent faiblira un peu à force 5. Maryse notera dans son carnet personnel : "mon quart de 2h à 5h a été super, 21 à 25 nœuds de vent, vagues qui poussent, Olympe aime!". Et le captain aime voir son mousse prendre du plaisir sur l'eau.

 

Cette baisse du vent aura pour conséquence une baisse de la moyenne, la performance de la journée s'établissant à 148 milles. Mais le répit sera de courte durée puisqu'il reprendra sa force initiale permettant de faire remonter les distances parcourues des deux dernières journées à 181 puis 191 milles mais sur une mer plus maniable.

La dernière nuit nous verra batailler contre des ennemis inattendus : des oiseaux de mer d'abord attirés par l'éolienne, avec le risque de perdre des plumes mais surtout de casser des pales, puis par les feux de navigation situés en haut du mât à proximité de la girouette et de l'anémomètre avec risque de détérioration évident. On avait beau crier et faire des grands gestes, rien n'y faisait, quatre ou cinq oiseaux style fous n'arrêtait pas de venir tournoyer autour des équipements.

C'est le spot longue portée qui s'avéra le plus efficace; en dirigeant le puissant faisceau dans leurs yeux, les oiseaux s'éloignaient temporairement mais revenaient systématiquement renifler l'éolienne et les feux de mât. Et puis, de guerre lasse, on les laissa tranquilles, espérant qu'ils ne provoqueraient pas de dégâts.

De dégâts point nous n'eûmes mais le pont du bateau fut maculé de leurs déjections; ils avaient dû en passer plusieurs couches! Plus grave, au petit matin nous nous aperçûmes que la grand voile portait aussi les traces de leur visite… Cela ne nous était encore jamais arrivé. Ces oiseaux australiens sont vraiment d'un sans gêne!

Nous franchîmes de jour la Grande Barrière par le passage Grafton balisé par un phare situé sur Euston Reef à une quarantaine de milles de l'arrivée; nous essayâmes alors sans succès de joindre les autorités portuaires pour prévenir de notre approche et demander les instructions d'accostage. Le passage est large et sans problème. Il suffira ensuite de suivre le long chenal menant à l'embouchure de Trinity Inlet où se situe Marlin Marina et où s'effectuent en principe les procédures d'entrée, non sans avoir essayé à nouveau à plusieurs reprises de joindre les autorités portuaires et les douanes.

Mais voilà qu'en arrivant devant l'entrée de la marina vers 15h le 13 juillet, un immense panneau indique que l'entrée est réservée aux seuls bateaux autorisés. Et comme dans ce pays on ne plaisante pas avec les consignes, pas question d'entrer sans les autorisations; il faudra s'y prendre à plusieurs reprises pour obtenir enfin la marina à la VHF, en tournant dans l'embouchure de la rivière entre les nombreux ferries, une régate de petits voiliers et les bateaux au mouillage!

- Vous devez préalablement prévenir les douanes
- Elles ne répondent pas!
- Réessayez

Tout cela avec un accent australien épouvantable auquel on ne comprenait pas grand-chose…

Enervé au bout d'un "certain temps", le captain déclare qu'il va rentrer quand même et obtient presqu'aussitôt l'autorisation de rentrer et de se diriger vers le ponton nord. Là, un employé de la marina nous attendait pour nous indiquer notre place et nous dire qu'il avait prévenu les douanes et le service sanitaire qui n'allaient pas tarder.

Mais ça, c'était déjà le début de nos aventures australiennes à lire dans le compte rendu de l'escale! Nous avions parcouru 1271 milles à 7,24 nœuds de moyenne.


 

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